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RDC : divorce consommé entre Tshisekedi et Kabila

Jean-Noël Ba-Mweze
7 décembre 2020

Le président congolais, Félix Tshisekedi, a mis un terme à la coalition FCC et CACH qui dirige la RDC depuis janvier 2019.

Félix Tshisekedi et Joseph Kabila
Félix Tshisekedi et Joseph Kabila

Au cours d’un discours d’une trentaine de minutes, Félix Tshisekedi, a constaté le "rejet" de sa coalition au pouvoir avec son prédécesseur Joseph Kabila. Il a dans la foulée annoncé la recherche d'une "nouvelle majorité" au sein de l'Assemblée dominée par les fidèles de l’ancien président, en nommant un informateur. Celui-ci sera chargé d'identifier une nouvelle coalition réunissant la majorité absolue des membres au sein de l'Assemblée nationale".  Dans son discours, le président a dénoncé "une situation de crise persistante et de défiance inacceptable entre les institutions de la République".

Le président Félix Tshisekedi lors de son adresse à la nation, le 06.12 2020Image : Giscard Kusema/Pressedienst der Präsidentschaft des Kongo

"Cette triste conclusion survient après deux années d'efforts inlassables, de patience et d'abnégation pour préserver l'essentiel au sein de la coalition", a-t-il déclaré.

Il a également abordé l'insécurité dans l'est du pays, la lutte contre la corruption, en promettant "l'établissement d'un tribunal pénal international" pour la RDC qui a été demandé par le prix Nobel de la paix Denis Mukwege,

Avis partagés

Après ce discours très attendu, les partisans du président Felix Tshisekedi sont vite descendus dans les rues pour célébrer la fin de la coalition FCC-CACH.

Cette décision est soutenue par certains habitants de Kinshasa qui pensent que le chef de l’Etat est désormais libre et pourra améliorer les conditions de vie des Congolais.

L’ancien président, Joseph Kabila est sénateur à vieImage : picture-alliance/AP/J. Bompengo

"Je suis parmi ceux qui attendaient cette décision-là. Etant Congolais et jeune diplômé d’ailleurs mais sans emploi. On rêvait tous de passer cette nouvelle étape parce qu’on a tous compris que la coalition ne nous a presque rien donné. Et naturellement, on en avait marre. Personnellement, j’ai vu un chef de l’Etat qui était en train de se libérer. Je n’ai pas vu l’intérêt de la coalition, le peuple ne se retrouve pas. Il a vu qu’il n’y a pas de changement, c’est pourquoi il a pris la décision de divorcer. Et comme il a divorcé, nous nous réjouissons", confie à la DW, un partisan de Félix Tshisekedi.

"Une décision à la hâte"

Mais certains Congolais parlent d’une précipitation, une décision à la hâte qui pourrait plonger le pays dans le chaos. Ils pensent que le président va vers l’échec.

"Un politicien peut être sûr d’échouer mais il tient toujours un discours autre. Va-t-il obtenir cette majorité-là ? Il n’a pas réussi à faire ce qu’il pouvait faire avec la coalition. Va-t-il réussir à le faire avec la cohabitation où il n’aura même pas un ministre logiquement ?  C’est comme quelqu’un qui a vendu la peau du loup avant de l’avoir tué. On n’est pas vraiment content. Le président a cherché le chaos dans notre pays parce qu’il y avait l’accord avec l’ancien président", affirme cet habitant de Kinshasa.

Menace de dissolution

Le président Félix Tshisekedi a menacé de dissoudre l’Assemblée nationale en cas d'échec de cette recherche de nouvelle majorité au nom de "l'Union sacrée" qu'il souhaite : "J'userai des prérogatives constitutionnelles qui me sont reconnues, pour revenir vers vous, peuple souverain, et vous demander une majorité". Le mandat d’un informateur est encadré par l’article 78 de la Constitution qui dispose que le président de la République nomme le Premier ministre au sein de la majorité parlementaire après consultation de cette même majorité. (…) S’il n’existe pas de majorité  "naturelle", le président confie une mission d’information à une personnalité pour qu’elle identifie une coalition possible. La mission d’information est de trente jours renouvelable une seule fois.

Le Front commun pour le Congo (FCC, rassemblement des partis pro-Kabila) revendique une majorité de plus de 300 députés sur 500. Le FCC accuse le camp du président Tshisekedi d'avoir tenté de débaucher des députés FCC par la corruption.

Résultat des consultations nationales

Le président Félix Tshisekedi rendait compte des "consultations politiques" qu'il a menées tout le mois de novembre avec les forces politiques et toutes les sensibilités politique de la société congolaise. Ces consultations nationales ont été boycottées par le FCC de Joseph Kabila.

Selon le numero un Congolais, ces consultations ont "mis en évidence, à une écrasante majorité, le rejet de la coalition entre le FCC et Cap pour le changement (Cach, pro-Tshisekedi" qui ajoute que les interlocuteurs qu’il a reçus lors de ces consultations lui ont dit qu'il fallait "mettre fin à l'accord de coalition et dissoudre l'Assemblée nationale".

Moïse Katumbi (à gauche) et Jean-Pierre Bemba (à droite) ont été reçus par Felix Tshisekedi lors des consultations nationales

Les partisans de la coalition Lamuka dirigée par Martin Fayulu ont refusé de s’exprimer sur ce qu’ils qualifient de spectacle offert par deux voleurs qui se disputent le bien volé.

Moise Katumbi, le leader de la  plateforme politique "Ensemble pour le Changement"   a déclaré dimanche soir que Félix Tshisekedi venait, "d’apporter une réponse claire et précise aux attentes du peuple congolais".

Selon le Mouvement pour la libération du Congo (MLC) de l’ancien chef rebelle et vice-président, Jean-Pierre Bemba, les préoccupations soulevées par Félix Tshisekedi dans son adresse "font partie des réformes indispensables et urgentes, prélude d'un Congo nouveau".  Quant à la position du FCC de l’ancien président, Joseph Kabila, elle sera connue dans la journée.

Jean-Noël Ba-Mweze Correspondant à Kinshasa en RDC pour le programme francophone de la Deutsche Welle@ba_mweze
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