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En RDC, la grogne des enseignants paralyse les écoles

17 octobre 2024

Depuis un mois et demi, des écoles refusent d'accueillir les élèves, en raison d'une grève des enseignants. Les enseignants dénoncent la gestion de la gratuité de l'enseignement primaire.

RDC | Un enseignant en classe
La gratuité de l'enseignement primaire en République démocratique du Congo (RDC) a été décrétée en 2019 par le gouvernement pour permettre à tous les enfants d'accéder à l'éducation sans frais.Image : Junior Kannah/AFP

Depuis la rentrée scolaire du 2 septembre, les écoles primaires, publiques et conventionnées catholiques, sont paralysées par une grève des enseignants.

La gratuité de l'enseignement primaire, instaurée par l'État, est devenue un fardeau pour les finances publiques, aggravant la précarité des salaires des enseignants, qui refusent de reprendre les cours sans ajustement.

Des parents désemparés

Aziza Nyamwami, mère de famille à Goma, a inscrit ses enfants dans une école publique. Aujourd'hui, elle ne sait plus quoi leur répondre lorsqu’ils demandent de retourner à l'école. La crise actuelle fait craindre une année blanche.

"Les enfants nous dérangent du matin au soir, ils pleurent sans cesse et demandent s’ils n’iront plus jamais à l’école. Nous ne savons pas quoi leur dire. Ils passent leurs journées à errer dans les rues, devenant pratiquement des enfants de la rue", témoigne-t-elle, désemparée.

Les syndicats d'enseignants dénoncent une mauvaise gestion de la politique de gratuité, réclamant une hausse significative des salaires pour faire face à la pression croissante de leur charge de travail. Image : Ruth Alonga/DW

De leur côté, les enseignants refusent de retourner en classe sans un ajustement salarial et dénoncent la mauvaise gestion de la gratuité. Hangi Méthode, un enseignant à Goma, fustige des salaires qu'il juge indécents, ne permettant pas une vie digne.

"Les grèves persistent parce qu'il y a une mauvaise gestion de la gratuité. L'idée en soi n'était pas mauvaise, mais elle a été mal gérée. Le gouvernement aurait dû augmenter les salaires de manière suffisante. Nous demandons 500 dollars, mais on nous donne seulement 50.000 francs congolais. C'est inconcevable !", s'indigne-t-il.

Une société civile préoccupée

Face à cette situation, Espoir Aspirine, membre de la société civile locale, appelle le gouvernement à agir pour sauver la gratuité de l’éducation, tout en assurant des salaires décents aux enseignants.

"Nous encourageons le gouvernement congolais à tout faire pour maintenir la gratuité. Lorsqu'elle a été instaurée, cela a été un soulagement pour beaucoup de familles. Nous proposons même de puiser dans les fonds de réserve pour garantir que la gratuité soit préservée et que nos enfants puissent retourner à l’école", déclare-t-il.

Entre l'espoir des parents, la colère des enseignants et les appels à l'aide de la société civile, la crise de l'enseignement en RDC semble s'installer dans la durée, sans qu'une solution claire se profile.

Avant même l’instauration de la gratuité, les enseignants se plaignaient de leur statut précaire, des retards de paiement et de la faiblesse de leurs salaires. Aujourd'hui, ils redoutent que la situation ne s’aggrave, alors que la gratuité pèse lourdement sur les finances publiques du pays.