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En RDC, des discours de haine à l’approche des élections

Jean-Noël Ba-Mweze
2 novembre 2023

Alors que la campagne électorale doit débuter le 19 novembre, en vue des élections du 20 décembre prochain, la multiplication des messages de haine fait redouter un processus électoral à hauts risques.

Des partisans du président sortant, Felix Tshisekedi
Parmi les autres candidats sur les rangs figurent, entre autres, le prix Nobel de la paix 2018 Denis Mukwege et le candidat malheureux à la présidentielle de 2018 Martin Fayulu. La décision finale sur les candidatures à l'élection sera connue le 18 novembre, au moment de la publication par la Cour constitutionnelle de la liste définitive des postulants. Image : Justin Makangara/REUTERS

Attaquer et discréditer l'adversaire : les militants politiques ont fait des discours de haine une méthode pour faire campagne.

Des discours véhiculés surtout à travers les réseaux sociaux, notamment depuis que le gouverneur du Kasaï central a affirmé que sa province était la chasse gardée de Félix Tshisekedi, et que par conséquent, les autres candidats devaient aller chercher les voix ailleurs.

Et les discours violents sont d'ailleurs propagés par les militants des différents camps. Ces messages traduisent notamment les conflits qui existent entre différentes tribus. C'est ce qu'estime Yanick Mwamba, enseignant à N'Sele dans l'est de Kinshasa. 

"Du côté des tribus, il y a des choses qui se passent. Par exemple entre les habitants du Kasaï et les habitants du Katanga il y a de la haine, il y a le tribalisme. Ça va nous amener vers la guerre. S'il n'y a pas de tribalisme il n'y aura aussi pas de haine" a-t-il expliqué.   

La Cour constitutionnelle de la République démocratique du Congo a rejeté une requête contestant la nationalité congolaise de l'opposant Moïse Katumbi et levé un potentiel obstacle à sa candidature à la présidentielle du 20 décembre. Sa candidature est aussi source de tension.Image : JOHN WESSELS/AFP

Division ethnique

Dorcas Tampia est étudiante. Elle explique que la campagne électorale se déroule dans un pays déchiré sur fond de division ethnique.  

"C'est le tribalisme qui dérange les gens. Quand il y a deux tribus qui ne s'entendent pas il y a toujours de telles choses. Il faut qu'on ait l'amour d'abord et comprendre que tous nous sommes des Congolais. Même si l'autre gagne, nous restons avant tout des Congolais. Quand on manque l'amour, cela crée beaucoup de choses. Je suis Congolaise et j'aime bien mon pays. J'attends qui on va voter. Qu'il fasse de bonnes choses pour l'avancement du pays", a-t-elle exprimé.   

Pour mettre fin aux discours de haine, il faut d'abord un réel changement de mentalité, comme le souligne le sociologue Jacques Mondo.  

"Cette situation peut amener à la peut guerre et créer beaucoup de problèmes. Je donnerais comme conseil à la population de ne pas avoir des discours de haine. Allons droit au but, votons pour celui qui peut avoir l'amour de ce pays. Là nous allons penser seulement au changement de mentalité. La haine n'a pas d'importance. Un pays ne peut pas évoluer avec le tribalisme. Un bon pays doit avoir des gens qui ont des bonnes mentalités." 

Pendant ce temps, le Conseil supérieur de l'audiovisuel et de la communication, le CSAC, est très ferme. Cette institution d'appui à la démocratie a insisté sur le fait qu'aucun discours de haine dans les médias ne sera toléré.

 

Jean-Noël Ba-Mweze Correspondant à Kinshasa en RDC pour le programme francophone de la Deutsche Welle@ba_mweze