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En RDC, Goma à nouveau sous la menace rebelle

Zanem Nety Zaidi
16 janvier 2025

L'armée congolaise continue de renforcer ses positions près de la cité de Sake, que la population de Goma considère comme le dernier rempart avant la capitale provinciale.

Patrouille militaire dans une rue bondée de Sake
Soutenu par plusieurs milliers de soldats rwandais, le Mouvement du 23 mars (M23), s'est emparé de vastes pans de territoire dans l'est de la RDC depuis sa résurgence, fin 2021. Image : AUBIN MUKONI/AFP

L'armée congolaise intensifie ses déploiements autour de la cité de Sake, dans l'est de la RDC. Cette mobilisation s'inscrit dans un contexte de tensions croissantes, alors que les rebelles du M23 renforcent leurs positions dans la région.

Dans le territoire de Masisi, la cité minière de Rubaya est devenue un bastion stratégique pour les rebelles du M23. Depuis l'avancée des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) à Ngungu, les rebelles ont concentré leurs forces à Rubaya, rendant la reconquête de cette zone cruciale pour l'armée loyaliste.

"Comprenez que si Sake tombait entre les mains des rebelles, il y aurait des conséquences néfastes sur le plan socio-économique, et cela pourrait aggraver le problème de la malnutrition déjà observé dans la ville", alerte William Mwira, un habitant de Goma. Selon lui, préserver Sake est vital pour éviter une crise humanitaire majeure.

Sake : un verrou ultime pour la survie de Goma

La cité de Sake est perçue par les habitants de Goma comme une barrière ultime contre les rebelles du M23. En cas de chute de cette cité, les conséquences pourraient être catastrophiques, explique Souzy Kisuki, une jeune défenseure des droits humains : 

"Si l'on imagine que le M23 prend la cité de Sake, il lui sera aussi facile de s'emparer des agglomérations de Minova et Bweremana. Il sera alors impossible pour les femmes de quitter Goma ou les camps de déplacés pour aller chercher du sombe (feuilles de manioc, ndlr) et venir le vendre ici en ville", avertit-elle. Minova, un carrefour essentiel pour l'approvisionnement en produits agricoles, serait ainsi coupée de Goma, aggravant la famine déjà préoccupante.

Les combats ont provoqué une nouvelle vague massive de déplacés, l'ONU évoquant la semaine dernière le chiffre de plus de 100.000 personnes ayant quitté leur foyer. Certains ont trouvé refuge à Goma. Image : Ben Curtis/AP/picture alliance

Au-delà des conséquences humanitaires, la perte de Sake aurait des implications stratégiques majeures pour les FARDC. Au micro de la DW, Charmant Sanvura, un habitant de Goma, exprime ses inquiétudes quant au sort des militaires loyalistes :

"Si le M23 prenait la cité de Sake, tous les militaires présents à Goma se retrouveraient encerclés entre les positions des rebelles et la frontière avec le Rwanda. Dans ce cas, ils n'auraient qu'un seul choix : se rendre", prévient-il. Cela souligne l’importance pour les FARDC de maintenir leur ligne de défense et de lancer des opérations offensives pour repousser les rebelles.

Lancement de l'opération "Caterpillar 2"

Pour contrer les avancées du M23, les FARDC ont lancé l’opération offensive "Caterpillar 2". Selon le lieutenant-colonel Guillaume Ndjike, porte-parole provincial des FARDC dans le Nord-Kivu, cette opération vise à répondre aux violations récurrentes du cessez-le-feu par les rebelles et à endiguer leur progression.

Les combats se poursuivent dans plusieurs zones clés de la province, où les FARDC bénéficient du soutien des milices d'autodéfense tandis que les rebelles du M23 sont soutenus par l'armée rwandaise. Face à une situation de plus en plus tendue, l'issue de ces affrontements pourrait avoir des répercussions majeures sur la stabilité de la région et la survie des populations locales.

 

 

Zanem Nety Zaidi Correspondant à Goma en RDC pour le programme francophone de la Deutsche WelleZanemNety
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