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RDC : la gratuité de la maternité et ses limites

Merveille Assani
26 juillet 2024

Le gouvernement congolais a lancé en septembre 2023 la gratuité de la maternité. Un programme qui se heurte à certaines difficultés.

Une mère tenant un nouveau né dans les bras avec l'assistance d'une infirmière
Le programme de gratuité de la maternité est la première étape de la mise en œuvre future de la couverture santé universelle en RDC.Image : Monicah Mwagi/REUTERS

En République démocratique du Congo, la gratuité de la maternité est un programme qui a été lancé dans la capitale Kinshasa et trois provinces du pays : le Sud-Kivu, le Kasaï Oriental et le Kongo Central. Il est présenté comme la première étape de la mise en œuvre future de la couverture santé universelle.

A Kinshasa, 350 structures sont accréditées pour accompagner le programme de la maternité gratuite sur 1.000 établissements de santé dans la ville. Le directeur du Fonds de solidarité de santé, chargé de distribuer les fonds aux hôpitaux, a estimé que plus de 85.000 femmes ont bénéficié de ce programme dans la ville de Kinshasa.

Mais les hôpitaux, qui doivent avancer les frais, se plaignent du fait que l'Etat ne les rembourse qu'en partie et avec du retard.

Un programme qui aide

"C'est vraiment réel, et ça s'est bien passé, j'ai accouché d'un garçon et ici aussi, on nous a très bien accueilli, tout a été pris en charge, tout était gratuit". Ce témoignage est celui d'une jeune mère qui assure n'avoir rien dépensé lors de son accouchement par  césarienne.

Presque une année après le lancement de la gratuité de la maternité, qui prend aussi en charge la mère et l'enfant un mois après la naissance, les commentaires sont globalement positifs.

Le programme de gratuité de la maternité est plutôt apprécié en RDCImage : Monicah Mwagi/REUTERS

C'est le cas ainsi à l'Hôpital général de Kinshasa, l'un des plus grands hôpitaux de la capitale.Cet établissement public réalisait en moyenne 70 à 100 accouchements par mois, mais depuis le lancement de la maternité gratuite, le nombre des femmes qui sont prises en charge varie entre 150 et 200 par mois.

Le chef du département de gynécologie et obstétrique, Sylvain Mulumba, confirme que ce programme aide désormais beaucoup de femmes.

"Ici c'est un hôpital à but lucratif, mais nous prenions aussi, d'une manière globale, les gens qui n'était pas en mesure de payer. Maintenant, l'argent que la famille, les démunis payaient, c'est le gouvernement qui le paye", précise le médecin.

Le sous-financement, un gros problème

Mais la mise en œuvre de ce programme se heurte à des problèmes importants. Les hôpitaux, qui avancent les frais de maternité, doivent attendre des mois avant de se faire rembourser par l'Etat et souvent, ils ne récupèrent pas l'entièreté de la somme avancée.

A la fin de l'année dernière, le Syndicat national des médecins avait déjà critiqué le sous-financement du programme et l'exclusion des échographies du remboursement.

Brigitte Sabangu, médecin conseil auprès du Fonds de solidarité de santé, la structure chargée de gérer les fonds de la gratuité de la maternité, conteste cette présentation de la situation. Elle affirme que les frais qui ne sont pas remboursés, sont ceux qui n'ont pas été réalisés et que des contrôles sont faits sur le terrain pour vérifier la validité des demandes de remboursement.

Ecoutez le reportage de Merveille Assani

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"Le Fonds de solidarité de santé paye même anticipativement, justement pour éviter qu'ils soient confrontés à des difficultés financières pour prendre en charge les malades. On paye 70 % en avance, là on les a déjà payés mars, avril, mai, en se référant au montant validé au mois de février. Les prestataires, quand ils nous envoient leurs factures, les médecins conseil descendent sur terrain pour voir ce qui a été fait, ce qui n'a pas été fait et ne sera pas payé, ou ce qui n'a pas été bien fait. Parce que la mission du FSS, ou la mission de ce programme aussi, c'est de veiller sur la qualité des soins, pas seulement de payer", détaille à la DW Brigitte Sabangu.

Des difficultés d'approvisionnement

Le personnel soignant est par ailleurs confronté à un sérieux problème d'approvisionnement en médicaments, comme l'explique le chef du département de gynécologie et obstétrique à l'hôpital général de Kinshasa.

"ll y a un problème crucial, c'est le problème des médicaments, les matériels n'en parlons pas, pour les blocs opératoires, pour la salle d'accouchement", explique Sylvain Mulumba.

Eminence, qui a bénéficié de l'accouchement gratuit à l'hôpital général de Kinshasa, indique ainsi avoir acheté l'eau de la perfusion et les médicaments des injections pour assurer son traitement. 

Dans le cadre de la couverture santé universelle, le programme de la maternité gratuite  a pour mission de s'étendre dans tout le pays, afin d'atteindre les objectifs du développement durable en ce qui concerne la lutte contre la mortalité maternelle et infantile.

La République démocratique du Congo reste un pays où la mortalité des moins de cinq ans est parmi les plus élevées du monde, avec un taux de 79 décès pour 1.000 naissances en 2021, selon les Nations unies.

Merveille Assani Correspondant à Kinshasa en RDC pour le programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique