Le Rwanda encore accusé de soutenir le M23
23 juin 2023Après une année d'enquête, le groupe des experts de l'Onu a dit détenir des preuves supplémentaires confirmant l’implication de l'armée rwandaise dans la province congolaise du Nord-Kivu, en soutien au M23.
Par exemple à Kiwanja, une ville prise par le M23, le 29 octobre 2022. Une vidéo datant du 15 novembre montre une colonne de 25 soldats identifiés comme appartenant à l'armée rwandaise.
À Mushaki, dans le territoire de Masisi, un ordinateur portable contenant des notes en anglais et en kinyarwanda aurait également été retrouvé avec des informations sur l'équipement militaire qui semble appartenir à l’armée rwandaise.
Mais selon Bob Kabamba, professeur de sciences politiques à l'université de Liège, en Belgique, il n'y a pas que le Rwanda qui soutient le M23.
L'universitaire affirme qu'"il y a aussi l'appui de l'Ouganda puisque dès le départ, c'est par le poste de Bunagana (village du territoire de Rutshuru situé à la frontière avec l'Ouganda, ndlr) que l'offensive du M23 a commencé. Et Bunagana est à la frontière avec l'Ouganda. Et le fait aussi que le Rwanda va continuer à nier cet appui. On peut se rappeler de l'AFDL, l'Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo dirigée par Laurent-Désiré Kabila, le père de Joseph Kabila, ndlr), on peut se rappeler du RCD, le Rassemblement congolais pour la démocratie : à chaque fois, au départ, le Rwanda nie son implication, malgré les évidences qui ont été démontrées à plusieurs reprises.
Un rapport jugé partial
Cependant, le juriste et analyste politique rwandais, Rutikanga Tite Gatabazi, ne croit pas à l'impartialité de ce nouveau rapport et accuse Kinshasa.
Pour lui, "plutôt que de discuter des causes réelles, profondes des crises multisectorielles qu'il y a dans ce pays, dont la plus forte est vraiment la crise de l'insécurité et de l'instabilité dans l'est du Congo, ils cherchent le bouc émissaire facile qu'est le Rwanda. Regardez bien comment ils sont en train de saboter le processus de paix convenu à Nairobi, convenu à Luanda, convenu à Bujumbura, à Addis-Abeba…"
Les experts de l’Onu estiment aussi, en se basant sur plusieurs sources, que le but final recherché par le Rwanda est de sécuriser des sites miniers et surtout de mettre hors d'état de nuire les rebelles FDLR, majoritairement Hutu, soutenus selon Kigali par l’armée congolaise.