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Homosexualité : un sujet qui divise

Ernest Muhero | Carole Assignon
21 juin 2024

En RDC, les autorités durcissent le ton au sujet de l'homosexualité alors que les avis des citoyens divergent sur la question.

Deux homosexuels recouvert du drapeau arc-en-ciel
Les autorités durcissent le ton au sujet de l'homosexualité en RDCImage : uncredited/AP/picture-alliance

Suite à une récente injonction du ministre de la justice Constant Mutamba, le procureur général a instruit les magistrats pour que ceux-ci punissent les auteurs d'actes homosexuels et d'autres pratiques comme le sexe en groupe. Une offensive contre la communauté LGBTQ+ dans un pays où l'homosexualité n'est en soi pas criminalisée, mais où elle subit un fort rejet social.

Des pratiques sexuelles qui portent atteinte aux bonnes mœurs : c'est ainsi que le procureur général Firmin Mvonde considère l'homosexualité. Il a donc demandé à tous les procureurs de la RDC de durcir la réponse judiciaire. 

Le ministre de la Justice, Constant Mutamba, avait souhaité pour sa part, quelques jours auparavant, que ceux qui font l'apologie de ces pratiques sexuelles soient poursuivis.

Des avis partagés

Dans les rues de Bukavu, dans l'est de la RDC, quand on demande aux citoyens ce qu'ils pensent de l'homosexualité, les avis sont partagés.

"C'est en dehors de nos coutumes, ici en RDC, ce n'est ni autorisé par la coutume, ni par la loi" explique un habitant. Un autre fait toutefois remarqué qu'il y a "quand même quelques homosexuels à Bukavu."

Pour un autre jeune rencontré dans la ville, sa religion ne lui permet pas de "pratiquer l'homosexualité."

"Normalement, cela devrait être une question de liberté. Il y a beaucoup de gens qui sont dedans, mais on ne leur laisse pas la liberté" assure pour sa part un autre habitant de Bukavu, mais pour certains "la liberté est caractérisée par des limites. Des limites qui sont prévues par la loi."

Réactions et analyse au sujet de l'homosexualité

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L'homosexualité, une réalité depuis des siècles en Afrique

Selon le sociologue Philippe Kaganda, interrogé par la DW sur la question il y quelques mois, il est important d'éduquer et de faire comprendre que l'homosexualité est une forme de relation que l'individu peut choisir.

Même si elle est considérée par certains comme une anti-valeur, cette forme d'orientation sexuelle ne doit pas entrainer une réaction violente de la société. Il rappelle par ailleurs qu'en RDC, comme dans le reste de l'Afrique, l'homosexualité est une réalité depuis des siècles.

" L'homosexualité a toujours existé dans les sociétés traditionnelles africaines, même dans les sociétés traditionnelles congolaises… mais pas comme une institution. C'est-à-dire pas comme une forme relationnelle acceptable. Ce qu'il convient de faire, c'est d'agir dans le sens du respect du choix de chacun" explique par ailleurs Philippe Kaganda.

Difficile pour l'heure, dans certains pays africains, de faire passer un message de tolérance envers les personnes LGBTQ+ tant le sujet est délicat.

Dans un rapport publié en début d'année, Amnesty International avait attiré l'attention sur un développement inquiétant des discours et législations contre les personnes homosexuelles, avec plus d'une dizaine de pays africains ayant adopté de nouvelles lois pour cibler et discriminer de manière systématique les personnes LGBTQ+. Il semble que la RDC se dirige désormais vers cette voie.