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Les FARDC accusées de collaborer avec des groupes armés

Georges Ibrahim Tounkara
18 octobre 2022

Des unités de l’armée congolaise ont soutenu des groupes armés impliqués dans de graves exactions selon Human Rights Watch.

Militaires congolais dans la Nord-Kivu en mai 2019
L'armée congolaise est accusée d'avoir fourni des munitions à des groupes armés Image : JOHN WESSELS/AFP/Getty Images

Selon Human Rights Watch, entre mai et août 2022, l’armée congolaise a combattu les rebelles du mouvement M23 soutenu par le Rwanda dans la province du Nord-Kivu aux côtés d’une coalition de milices congolaises ainsi que des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).

Dans certains cas, des officiers de l’armée congolaise ont apporté un soutien direct aux groupes armés. Depuis la fin du mois d’août, la plupart de ces groupes se sont retirés de leurs positions sur la ligne de front.

"Des unités de l’armée congolaise recourent de nouveau à la pratique discréditée et préjudiciable consistant à utiliser des groupes armés responsables d’abus comme supplétifs", estime Thomas Fessy, chercheur principal pour la RDC à Human Rights Watch.

Depuis juin, Human Rights Watch dit avoir mené des entretiens avec cinq combattants de groupes armés, sept témoins d’abus et membres des familles de victimes, ainsi qu’avec des activistes, des responsables civils et militaires congolais, des membres du personnel des Nations Unies et des travailleurs humanitaires.

Les 8 et 9 mai, toujours selon HRW, les chefs de plusieurs groupes armés congolais, certains étant rivaux, se sont rencontrés dans la ville isolée de Pinga et ont conclu un pacte de non-agression, formant ainsi une coalition "patriotique" pour joindre leurs forces à celles de l’armée congolaise contre "l’agresseur", c’est-à-dire le M23.

Félix Tshisekedi peine à restaurer la sécurité dans l'est de la RDCImage : Giscard Kusema

Ces groupes comprenaient l’Alliance des patriotes pour un Congo libre et souverain de Janvier Karairi, la Coalition des mouvements pour le changement de Dominique Ndaruhuste dit "Domi ", la faction Nduma défense du Congo-Rénové de Guidon Mwisa Shimirai et l'Alliance des nationalistes congolais pour la défense des droits humains  de Jean-Marie Bonane

"Des groupes tristement célèbres"

Tous ces groupes armés selon l'ONG, sont tristement connus pour leurs violations des droits humains dans leurs fiefs respectifs. Le chef du NDC-R, Guidon, demeure sous sanctions onusiennes et les autorités congolaises ont émis un mandat d’arrêt à son encontre en 2019 pour recrutement d’enfants, insurrection et le crime contre l’humanité.

Human Rights Watch dit avoir reçu des informations crédibles selon lesquelles, des membres de l’armée congolaise, appartenant au 3411ème régiment, avaient fourni plus d’une dizaine de caisses de munitions aux combattants des FDLR à Kazaroho, l’un de leurs bastions dans le Parc national des Virunga, le 21 juillet. 


Les explications de Thomas Fessy de Human Rights Watch

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Human Rights Watch affirme avoir également documenté plusieurs autres cas d’abus contre des civils, dont au moins trois meurtres perpétrés par des combattants des FDLR en mai et en juillet et deux cas de viol par des militaires congolais en juillet.

La réforme de l'armée

Face à cette situation, HRW estime que l’administration Tshisekedi devrait effectuer une refonte du secteur de la sécurité, notamment avec l’adoption d’un plan visant à mettre fin à l’impunité pour les auteurs de graves violations des droits humains, comprenant un mécanisme d’assainissement pour l’armée et les autres services de sécurité, une entité judiciaire internationalisée et un programme complet de réparations pour les victimes d’abus.

Une telle réforme systémique, ainsi qu’un programme efficace de démobilisation des miliciens et combattants des groupes armés, devraient être au cœur des discussions régionales en cours portant sur la menace sécuritaire posée par le M23 et les autres groupes armés.

Georges Ibrahim Tounkara Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle