C'est à partir de sept heures du matin que les manifestants se sont rassemblés à différents points convenus dans la ville de Goma. Leur objectif : dénoncer la guerre menée selon eux par le Rwanda, qui soutiendrait la rébellion du M23, et montrer le soutien de la population à l'armée congolaise.

"Nous continuons à regretter l'impuissance de la communauté internationale face au Rwanda qui nous agresse, mais nous continuons aussi à dire au gouverneur militaire Constant Ndima que le peuple est derrière lui car aucune armée au monde ne peut gagner la guerre si la population ne la soutient pas", a notamment déclaré Kartumwa Sankara, activiste de la Lucha.  

Tirs de sommation et lancers de grenades lacrymogènes

Ces milliers de manifestants se sont dirigés vers deux points de contrôle frontaliers, la petite et la grande barrière, où la police congolaise ne leur a pas permis d'entrer au Rwanda comme ils le souhaitaient. 

La police a procédé à des tirs de sommation et à des lancers de grenades lacrymogènes pour les disperser mais Espoir Aspirine, l'un des leaders de la manifestation, estime qu'ils ne s'arrêteront pas tant que la guerre ne sera pas terminée dans la province. 

"Aujourd'hui, en tant que peuple souverain, nous disons que ça suffit et que nous allons nous sauver. Un peuple se libère. Nous savons que nous venons de signer notre acte de décès puisque leurs espions sont nombreux dans la ville mais peu nous importe si c'est pour mourir pour l'intérêt national. La patrie ou la mort, nous vaincrons", a-t-il déclaré.

L'ambassadeur rwandais en RDC expulsé

Samedi dernier (29 octobre), avant midi, les rebelles du M23 ont conquis les villes de Kiwanja et de Rutshuru. Dans la soirée, le président congolais Félix Tshisekedi a dirigé un conseil de sécurité au cours duquel il a été décidé d'expulser l'ambassadeur rwandais en RDC, Vincent Karega. 

Une décision saluée par la société civile du Nord-Kivu qui a aussi demandé au gouvernement de faire la même chose avec l’Ouganda, lui aussi accusé de soutenir les rebelles du M23.  

"Nous ne voulons pas avoir de relations diplomatiques ou toute autre relation avec un pays qui nous agresse. La société civile pense également qu'au moment où l'Ouganda entre à Bunagana pour soutenir le M23, nous demandons à notre gouvernement d'expulser l'ambassadeur ougandais et de cesser toute relation avec l'Ouganda car les deux pays jouent à cache-cache le développement de notre pays", a déclaré Marion Ngavo, président de la société civile de la ville de Goma.  

Il n'y avait pas d'activité normale dans la ville de Goma ce lundi et selon plusieurs observateurs, la police n’a pas commis de violence et il n'y a pas eu de débordements pendant la manifestation.