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Les habitants de l’Ituri veulent un nouveau gouverneur

Jean-Noël Ba-Mweze
18 février 2022

En RDC, la population de l'Ituri dénonce l'insécurité permanente et exige le remplacement du gouverneur militaire de cette province.

Un massacre commis début février dans l'Ituri a fait des dizaines de morts
Un massacre commis début février dans l'Ituri a fait des dizaines de mortsImage : Jorkim Jotham Pituwa/AFP via Getty Images

L’Ituri est sous état de siège depuis plus de neuf mois. Dans un mémorandum adressé au président Félix Tshisekedi, les habitants de l'Ituri assurent que leur situation s’est dégradée depuis l'instauration de ce régime exceptionnel.

Ils exigent ainsi le remplacement de Johny Luboya Nkashama, le gouverneur militaire de cette province. Dans le camp de ce dernier, on qualifie cette initiative de "tendancieuse et pleine de haine".

La société civile de l'Ituri rappelle que les habitants de cette province en ont assez des massacres réguliers perpétrés par des groupes armés bien identifiés, comme la milice de la Coopérative de développement du Congo (Codéco). 

A (re)lire également : RDC : les Codeco continuent de sévir en Ituri

Un quotidien dans la peur

Les habitants exigent donc le remplacement du gouverneur militaire qui aurait échoué dans sa mission, selon le coordonnateur de la société civile, Dieudonné Lossa Dekhana : 

"La population de l'Ituri demande au chef de l'Etat de remplacer d’ici dix jours le gouverneur militaire de la province de l'Ituri, celui-ci n'ayant pas arrêté les crimes et violations massives des droits de l’homme sous l'état de siège, de nommer un nouveau gouverneur militaire avec des nouvelles stratégies pour mettre fin aux violences sur toute l'étendue de la province de l'Ituri."

Ecoutez le sujet de notre correspondant à Kinshasa...

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L'insécurité en Ituri semble en effet devenue incontournable et le gouvernement jusqu’ici parait impuissant face au phénomène. Les habitants vivent au quotidien dans la peur, comme l’explique l’un d'entre eux qui appelle même à l'intervention de la communauté internationale :

"Est-ce que le gouvernement de la RDC se soucie même de cette souffrance ? En tout cas ce qui se passe en province de l'Ituri est horrible. Nous demandons à la communauté internationale de nous venir en aide, d'envoyer une force spéciale comme l'avait fait la force française Artémis dans les années 2.000."

Acharnement

Mais du côté du gouvernorat de province, le lieutenant Jules Ngongo, porte-parole du gouverneur militaire, parle d'acharnement et qualifie la déclaration de la société civile de populiste et traduisant l'intérêt personnel d'un groupe d'individus. Il appelle plutôt à la confiance et au soutien de l'état de siège :

"Nous appelons, au nom du gouverneur militaire, nos populations à se méfier de ce genre de politiciens. Nous leur demandons de faire confiance aux forces armées et à la police nationale congolaise et d’accompagner les autorités de l'état de siège pour un retour définitif de la paix."

Le président Félix Tshisekedi avait décidé le 6 mai 2021, de placer l'Ituri et le Nord-Kivu sous état de siège, afin de mettre fin aux violences dans ces deux provinces de l'est du pays.

Jean-Noël Ba-Mweze Correspondant à Kinshasa en RDC pour le programme francophone de la Deutsche Welle@ba_mweze