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RDC : trois ans de travaux forcés pour Constant Mutamba

2 septembre 2025

La justice congolaise a condamné son ancien patron. Ex-ministre de la Justice, Constant Mutamba a été condamné à trois ans de travaux forcés et cinq ans d'inéligibilité pour détournement de fonds publics.

République démocratique du Congo | Premier jour du procès de Constant Mutamba (photo d'illustation)
Accusé d'avoir violé les règles d'attribution des marchés publics pour un projet de construction d'une prison, M. Mutamba avait annoncé sa démission le 18 juin (photo d'illustration)Image : Bashi Wendy/DW

A Kinshasa, c’est aux alentours de 12h, heure locale, que Constant Mutamba a fait son entrée dans la salle André Lihau de la Cour de cassation de Gombe, escorté par des membres de la Garde républicaine.

Vêtu d’un vêtement de sport noir et portant des claquettes aux pieds, l’ex-ministre a levé le poing en entrant dans la salle, avant d’aller s’asseoir et de rejoindre ses avocats.

"Juridiquement parlant, il n’a pas détourné, mais comme c’est un dossier politique, il a été condamné" (Dorcas Lusamba)

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Quand la Cour a fait son entrée...

Pendant plus d’une heure, elle est revenue surl’affaire, avant de prononcer le verdict. Constant Mutamba est ensuite sorti de la cour, avant de rejoindre le véhicule qui l’attendait, entouré d’un important dispositif sécuritaire.

Contrairement aux fois précédentes, l’accès à la Cour de cassation a été interdit à ses militants. Des veillées étaient en effet organisées à son domicile depuis des semaines, dans l’attente du verdict.

Ce matin, les habitants se sont réveillés en constatant un important dispositif militaire sur toute l’avenue jusqu’à sa résidence.

Un verdict loin de faire l'unanimite

Constant Mutamba avait été placé en résidence surveillée, ce lundi, à la veille de l'audience. Il lui était interdit de quitter la capitale depuis le mois de juin.

A l’annonce de sa condamnation, maître Mutamba Dorcas, qui était présente dans la salle, a exprimé son regret et dénoncé un procès politique.

"Juridiquement parlant, il n’a pas détourné, mais comme c’est un dossier politique, il a été condamné. Mais juridiquement parlant, il n’a pas détourné."

Du côté des avocats de l’ancien ministre de la Justice, cette décision est tout de même saluée, car le ministère public avait requis dix ans de travaux forcés. C’est ce qu’explique maître Espoir Vuvu.

"Nous avons accompli un travail de titan pour arracher trois ans par rapport aux prétentions du ministère public."

Constant Mutamba est une figure politique importante pour les jeunes Congolais. Certains vont jusqu’à le comparer à Patrice Emery Lumumba, père de l’indépendance congolaise.

Dans son fief de Kisangani, les réactions à la condamnation de Constant Mutamba sont vivesImage : Hardy Bope/AFP/Getty Images

Appel au calme 

Maître Paul Okito, appelle donc les jeunes et la population qui soutiennent l’ancien ministre de la Justice à faire preuve de retenue et à accepter ce verdict.

"La justice est malade. Comme elle est malade, je ne peux pas dire que la décision est bonne ou mauvaise. Vous avez tous suivi le déroulement de cette affaire. Le peuple est suffisamment mécontent de la façon dont l’affaire a été traitée. Mutamba n’a pas volé de l’argent, il n’a pas détourné de l’argent. L’argent se trouve sur le compte. Mutamba n’a bénéficié d’aucune circonstance atténuante. La cour semble faire de Mutamba le gestionnaire de la société et le profiteur de l’argent public. Tout ce que nous pouvons demander, à notre population, c’est de respecter la décision et de ne pas commettre d’actes de vandalisme."

L'ex-ministre a été reconnu coupable d'avoir fait verser, sans autorisation préalable du gouvernement, à la société Zion Construction SARL,la somme de 19,9 millions de dollars sur des fonds publics, pour un projet de construction d'une prison à Kisangani, dont le budget est d'environ 40 millions de dollars.

Il a affirmé n'avoir "jamais pris un seul dollar de l'Etat" dans sa lettre de démission présentée en juin.