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RDC : Les raisons de la résurgence du mouvement rebelle M23

30 mars 2022

Les affrontements entre les rebelles du M23 et l’armée congolaise dans l’est de la RDC continuent de provoquer des déplacements de population. D’aucuns y voient une rivalité rwando-ougandaise.

Également appelé "Armée révolutionnaire congolaise", le M23 est issu d'une ancienne rébellion tutsi congolaise jadis soutenue par le Rwanda et l'Ouganda.
Également appelé "Armée révolutionnaire congolaise", le M23 est issu d'une ancienne rébellion tutsi congolaise jadis soutenue par le Rwanda et l'Ouganda.Image : Imago/Kyodo News

La dernière attaque en date s’est produite hier mardi [29.3.2022] à Bunagana. Des milliers d‘habitants ont pris la fuite vers Kisoro, en Ouganda. L’Ouganda accuse le Rwanda de soutenir le M23 pour le déstabiliser.

D'ailleurs les soldats congolais des FARDC ont présenté deux hommes comme des soldats rwandais qu'ils auraient capturés pendant des affrontements avec le M23.

"Pourtant ces militaires se reconnaissaient très rwandais. Je crois que le Rwanda n’a jamais joué franc jeu et personne ne peut croire à ses arguments et le Rwanda n’a pas cessé avec ses mécanismes de déstabilisation de l’est de la RDC", a estimé Placide Nzilamba, un habitant de Goma.

Le M23 réfute les accusations

Le M23 reproche aux autorités de Kinshasa de n'avoir pas respecté des engagements pris en faveur de ses combattants.Image : Getty Images/AFP/P. Moore

Mais le porte-parole du M23, le major Willy Ngoma, clame, dans une "mise au point" publiée hier, que son mouvement armé est une émanation congolaise :

"Le M23 est un mouvement politico-militaire congolais et ne bénéficie d’aucune aide ni de près, ni de loin d’un quelconque pays voisin. Les propos diffamatoires des FARDC tiennent à couvrir leurs incompétences notoires ", a déclaré le major Willy Ngoma.

Le Rwanda, lui, accuse l'Ouganda de vouloir le déstabiliser aussi, par des activités de renseignements, en soutenant d'autres groupes armés comme les FDLR ou les ADF, également actifs en territoire congolais. Les autorités de Kigali nient tout soutien au M23.

Rivalité rwando-ougandaise

L'attaque de Bunagana a eu lieu à l'endroit et le jour où devaient être déployés des matériels de construction pour bâtir de nouvelles routes entre la RDC et l’Ouganda.

Ecoutez l'interview avec Onesphore Sematumba

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"La mutualisation des efforts des armées rwandaises et congolaises et la sécurisation de projets de construction de route entre l’Ouganda et la RDC… Et il est inconcevable pour le Rwanda que ce tronçon soit sécurisé par l’armée ougandaise. C’est pour eux mettre votre ennemi solidement armé à votre porte", a estimé Onesphore Sematumba, chercheur à l’International Crisis Group, expliquant en quoi les axes routiers reliant la RDC à l’Ouganda ne plaisent en effet pas aux autorités rwandaises.

Mardi [29.3.22], huit Casques bleus - six Pakistanais, un Russe et un Serbe - sont morts hier dans le crash d'un hélicoptère Monusco.

L'appareil survolait une zone de combats entre l'armée des FARDC et la rébellion du M23, en territoire de Rutshuru. Les autorités militaires locales affirment que le M23 aurait abattu l'hélicoptère, ce qui n'a pas pu être confirmé.

Extrait de l'entretien avec Onesphore Sematumba (ICG)

"Il y a deux éléments d'analyse importants. Le premier élément est lié à cette mutualisation des efforts des armées ougandaises et congolaises qui jusque là, se sont faites en trois phases. Et maintenant nous en sommes à la troisième phase : la sécurisation des projets de construction de routes entre l'Ouganda et la RDC. Et là, il y a deux tracés de Beni-Butembo jusqu'à Goma et le tracé qui partirait de la frontière ougandaise (Kisoro) pour aller à Bunagana avant de faire la jonction jusqu'à Goma.

Or ces routes longent pratiquement la frontière rwandaise. Il est donc inconcevable que le Rwanda accepte que ce tronçon soit sécurisé par l'armée ougandaise. Cela reviendrait pour Kigali à pratiquement mettre son  ennemi solidement armé à votre aide.

DW : Est ce qu'il y a aussi des taxes aussi qui, peut être, échapperaient au Rwanda si les marchandises ne transitaient plus par son territoire?

C'est la deuxième donne, parce que si cette route se développe, elle entre directement en concurrence avec la route rwandaise, la belle route rwandaise, qui contourne les volcans de l'autre côté, du côté rwandais.

Donc, il y a vraiment un manque à gagner par rapport au trafic, par rapport aux taxes douanières, etc etc donc là la route qui passe par le Rwanda est essentiellement utilisée par les congolais. Donc les congolais pourraient alors opter pour la route qui passe par chez eux. Et et voilà, ce serait un sérieux manque à gagner. Donc c'est ce projet là. Des routes négociées entre l'Ouganda et la RDC ne fait pas l'affaire du Rwanda.

 

 

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