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RDC : le M23 à la conquête du grand nord congolais

1 juillet 2024

Ce 29 juin, les rebelles se sont déployés dans la localité de Kirumba, dans la province du Nord-Kivu.

République démocratique du Congo | Des militaires burundais à Minova (Photo d'illustration)
Depuis fin 2021, le M23 a conquis avec l'appui d'unités de l'armée rwandaise de larges pans de territoire du Nord-Kivu (Photo d'illustration)Image : ALEXIS HUGUET/AFP

Les rebelles du M23 sont désormais maîtres de Kirumba, la plus grande agglomération du territoire de Lubero dans le Nord-Kivu. Une agglomération qui compte plus de 120.000 habitants.

Le 29 juin, le M23 s’était déjà installé à Kanyabayonga autre localité de la région. Le professeur Adolphe Agenonga Chober, spécialiste des mouvements armés et enseignant à l'Université de Kisangani rappelle que la localité de Kanyabayonga constituait un verrou stratégique censé bloqué l’avancée du M23 vers la région appelée le grand Nord composée de Beni, Lubero et Walikale.

"La communauté internationale et l’Union Africaine prônent le dialogue entre les parties prenantes à ce conflit" (Adolphe Agenonga Chober)

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Réactions inaudibles

Face à l’occupation de pans entiers du territoire congolais, ces derniers jours, la communauté internationale et l’Union Africaine, n’ont presque pas réagi. Pour le professeur Agenonga, il est avant tout question d’intérêt : "Le constat que l’on fait c’est qu’il y a une divergence d’intérêts mais aussi une divergence d’approche," précise l’enseignant. "La communauté internationale et l’Union Africaine prônent plutôt le dialogue entre les parties prenantes à ce conflit, une approche bottée en touche par le gouvernement de Kinshasa qui, lui aussi, ne semble pas agir suffisamment pour changer la donne et donc arrêter l’avancée du M23."

Quid de l’armée congolaise ?

Augustin Muhesi qui enseigne les sciences politiques dans l’Est de la RDC, estime que la conquête de nouveaux espaces par la rébellion du M23 montre la détermination de cette rébellion à imposer son agenda au gouvernement congolais. Il ajoute aussi qu’il y a lieu de se poser des questions sur l’état de l’armée congolaise.

"Cela pourrait être lié à un problème du moral des militaires. Nombreux sont ceux qui ont fait longtemps combattu sans être relevés. Je suis de ceux qui pensent que l’on devrait aussi penser à la relève de ces militaires, " confie le professeur de sciences politiques à la DW.

"On ne peut pas oublier aussi le fait qu’il y aurait chevauchement en ce qui concerne le commandement parce que le Nord Kivu est une province qui est sous état de siège. Il y aurait donc apparemment beaucoup de commandants, de généraux qui sont déployés ici au Nord-Kivu, il pourrait y avoir un problème de coordination des opérations."

RDC, une crise oubliée ?

La situation sur le terrain reste alarmante. Au début du mois de juin, le Conseil Norvégien pour les Réfugiés (NRC) rappelait dans un rapport que pour la huitième année consécutive, la RDC figure sur la liste des crises oubliées dans le monde.

Eric Batonon, directeur pays du Conseil Norvégien pour les Réfugiés, rappelle qu’il y a plus de sept millions de personnes qui sont déplacés internes en RDC.

"Il est vraiment important que la communauté internationale, que toutes les diplomaties du monde se mettent en marche pour essayer de trouver une solution à ces conflits et permettent à des millions de femmes et d’enfants de rejoindre leur domicile et entrevoir un avenir."

En réponse aux avancées du M23, le président Félix Tshisekedi a présidé un Conseil de défense samedi et a souligné lors de la journée de l’Indépendance que des instructions claires et fermes ont été données pour préserver l’intégrité territoriale du pays.
Kinshasa accusele Rwanda de soutenir les rebelles du M23, ce que démentent les autorités rwandaises.