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Les victimes de la Covid-19 sous-évaluées à Lubumbashi ?

Patrick Kasonde
18 juin 2020

On dénombre moins de 100 cas à Lubumbashi (Sud-est). Mais la surmortalité enregistrée dans les morgues et les cimetières fait craindre un chiffre sous-estimé.

Un hôpital brûlé à Lubumbashi  
Un hôpital brûlé à Lubumbashi Image : DW/P. Kasonde

"Il ne se passe plus un jour sans qu'on ne soit informé de décès dans son entourage immédiat ou lointain. Quand les gens meurent et surtout sans qu'on sache de quoi ils meurent, c'est très inquiétant, ça fait peur.", confie Xavier Kazembe.

Comme lui, plusieurs habitants de Lubumbashi, la deuxième ville du pays sont inquiets de remarquer de plus en plus de cas de décès sans en connaître les causes. 

Les morgues et les cimetières sont débordés.

"Les morgues sont pleines, il y a vraiment beaucoup de décès, ça c'est vrai. Je ne sais pas expliquer cela. Tous les jours, les gens meurent mais maintenant ça devient très compliqué. Hier par exemple, j'ai signé, simplement pour l'enterrement au cimetière de Kasangiri, 32 permis d'inhumation. Or en dehors de Kasangiri, il y a Mukwemba, Kashamata... et dans tous ces cimetières, il y a des enterrements", témoigne Cyrille Mulaj, administrateur général à la mairie de Lubumbashi et gardien des cimetières.

Explosion des cas

Pour le docteur Mike Shongo, il y a beaucoup plus de cas de Covid-19 à Lubumbashi que ce que reconnaissent les autorités.

"Est-ce qu'il y a plus de cas de Covid-19 à Lubumbashi qu'on ne le dit ? Oui, parce qu'il faut voir la capacité du diagnostic. Avant, nous faisions des diagnostics à Kinshasa et nous avions la capacité maximale de 200 cas par jour. A Lubumbashi, nous avons commencé depuis quelques jours à faire des diagnostics sur place. Je vous assure que pour l'instant nous n'arrivons pas encore à 50 diagnostics par jour. Prenons par exemple 30 cas suspects, chaque cas suspect a environ, je prends le strict minimum, trois contacts, c'est-à-dire que l'on suppose qu'il est marié, qu'il a un enfant et qu'il a un ami. Ça veut dire que nous avons 90 cas potentiels. Or, aujourd'hui, Lubumbashi ne peut pas tester 90 personnes par jour", explique-t-il.

Les autorités se justifient

Les explications de notre correspondant Patrick Kasonde

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Selon le docteur Joseph Sambi, ministre provincial de la Santé, Lubumbashi connaît certes une hausse importante des cas de la  Covid-19. Mais l'interdiction des déplacements des cadavres en dehors de la ville serait l'une des raisons de cette saturation des morgues et cimetières.

"Nous sommes de plus en plus alertés par des cas de décès suspects. On connaît une flambée des cas mais tous ces morts ne sont pas liés à la Covid-19. Ce sont des malades qui décèdent pour d'autres maladies puisque même en période de pandémie, les gens continuent à décéder d'autres pathologies habituelles. Les déplacements des cadavres d'une ville à une autre étant interdits, on a l'impression qu'il y a beaucoup de cadavres dans les morgues", le ministre Sambi.

Pour l'instant Lubumbashi, enregistre 87 cas répertoriés positifs de Covid-19 et connaîtra un nouveau confinement total samedi et dimanche prochains.