RDC : l’installation d’un maire attise la polémique
20 octobre 2020La commune de Minembwe et son maire ont officiellement été installés dans le Sud-Kivu, le 28 septembre dernier. Depuis trois semaines, ce sujet est au cœur d’une controverse politique. Le 8 octobre, le président Félix Tshisekedi a décidé de surseoir à l'installation du bourgmestre en attendant la mise en place d'une commission ad hoc. À ce jour, cette commission n’a toujours pas été mise en place.
Débattue à l’Assemblée nationale lors de la plénière de ce 19 octobre, la question autour de Minembwe et l’installation de son maire continuent de cristalliser les tensions.
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« Conditions non requises »
L’idée de la création d’une commission ad hoc semble faire son chemin bien que certains responsables politiques attirent l’attention sur le fait qu’au départ, Minembwe ne remplissait pas les conditions pour prétendre à ce statut.
"Généralement une commission ad hoc est mise en place pour étudier une question ou un problème dont on veut comprendre les tenants et les aboutissants. Mais dans le cas de Minembwe, on connaît l’origine du problème. Il a été dans un premier temps question d’une série de décrets qui ont élevé cette agglomération au rang de commune rurale et ce contre l’avis de l’Assemblée nationale du Sud-Kivu qui avait statué que Minembwe ne pouvait pas constituer une commune rurale, parce qu’elle ne respectait pas les conditions requises", explique Patrick Mbeko, géopoliticien et spécialiste des Grands Lacs.
Associer la société civile
Des conditions, il en est aussi question pour l’Eglise du Christ au Congo (ECC) qui a récemment communiqué sur une série de recommandations pour la constitution de cette commission ad hoc. Pour l’ECC, il faut absolument inclure la société civile dans ce débat.
C’est un préalable, comme le rappelle le révérend Senga, responsable de la Commission Justice, paix et sauvegarde de la création à l'ECC:
"S’agissant de la commission ad hoc, l’église a bien recommandé d’éviter que ce soit une commission politisée. Il va falloir intéresser la société civile de manière générale, nous voulons que cette commission soit beaucoup plus dosée en termes de représentativité."
Mais Patrick Mbeko redoute que cette procédure un peu technique d’une commission ad hoc serve à étouffer une affaire qui a pris une dimension politique embarrassante pour le président Félix Tshiseledi.
"Pour ce qui est du rôle de la commission, je pense que pour l’instant il est difficile de prédire l’avenir. Ce qui est sûr c’est qu’au regard de la situation, son rôle principal sera de statuer sur les actes administratif et juridiques passés parce que dans cette affaire, je pense qu’on essaye de noyer le poisson. Une chose est sûre : il faudra revenir sur les fondamentaux, voir ce qui a été décidé au niveau de l’Assemblée provinciale du Sud-Kivu et l’exécuter pour mettre fin au débat parce que c’est de cela dont il est question", selon Patrick Mbeko.
Ce débat risque de rester encore longtemps au cœur de l’actualité d’ici à ce qu’une solution efficace et unanime soit mise en place.