En RDC, la crise alimentaire pourrait s'aggraver selon l'Onu
11 novembre 2021D'après l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture et le Programme alimentaire mondial, la République démocratique du Congo risque d'être confronté, dans les prochains mois, à une aggravation de l'insécurité alimentaire.
Les deux agences des Nations unies citent les mauvaises récoltes et les violences des groupes armés parmi les causes de cette situation.
Appel à une réaction urgente
Si rien n'est fait, mentionnent la FAO et le PAM, la détresse alimentaire va s'aggraver. Près de 27 millions de personnes, soit un quart de la population congolaise, seraient concernées. A côté des mauvaises récoltes et la vétusté des infrastructures, les déplacements de populations liés aux attaques des groupes armés constitue les principales causes.
On estime ainsi à 5,2 millions le nombre de personnes obligées de fuir dans l'est du pays en proie à des conflits depuis plusieurs décennies. Parmi elles, trois millions d'enfants.
L'opposant congolais Martin Fayulu voit à travers ce tableau la manifestation d'un échec des autorités de Kinshasa.
"Nous avons perdu des millions de Congolais. Et quand est-ce que cela va se terminer ? Quels sont les signaux aujourd'hui que l'état de siège va faire disparaître tous ceux qui sont auteurs de tueries dans l'est du pays ? La première chose à faire c'est de prendre des mesures décisives. J'ai dit que j'allais créer au sein des forces armées congolaises une force spéciale d'intervention militaire. Et cette force-là devrait s'installer dans l'est de la République", affirme l'opposant dans une interview à la DW.
La présence de la Mission de l'Onu (Monusco) avec actuellement 15.000 hommes n'empêche pas la multiplication des violences dans lesquelles des Etats voisins de la RDC sont impliqués.
Une multitude de groupes armés
Certains des groupes armés actifs dans l'est revendiquent une lutte de libération du Congo. C'était le cas du général Laurent Nkunda, un tutsi congolais leader du CNDP.
C'est encore le cas de la coalition des patriotes congolais pour l'application de l'article 64 de la Constitution (CPCA-A64), auteur d'une récente attaque contre l'armée congolaise à Bukavu.
Sans oublier bien entendu les rébellions exportées sur le sol congolais, dont la plus tristement célèbre est le groupe armé d'origine ougandaise Force démocratiques alliés (ADF), auteur de nombreux massacres commis sur les populations civiles.
Enfin, s'ajoutent des incursions de l'armée rwandaise qui invoque la criminalité transfrontalière.
La plupart des habitants de l'est, à l'instar de Josué Walayi, se montrent donc désabusés face à la persistance de la violence en dépit de l'état de siège. Il habite dans le territoire de Nyiragongo, dans la province du Nord-Kivu.
"C'est une grave humiliation. Le gouvernement doit nous dire la vraie mission de l'état de siège. Ce n'est pas vraiment la mission de ramener la paix dans le Nord-Kivu. Depuis que l'état de siège a commencé, on ne voit rien comme avancée", regrette-t-il.
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En attendant, la FAO et le PAM demande une mobilisation de moyens financiers pour aider les plus vulnérables.
Le FAO estime avoir besoin de 65 millions de dollars et le PAM affiche un besoin de 99 millions de dollars pour des actions à court terme.