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RDC : Polémique après le rappel de deux ambassadeurs

18 décembre 2019

La ministre des Affaires étrangères, proche du président Félix Tshisekedi, est sommée de s’expliquer au Sénat sur le rappel de ces deux ambassadeurs, jugé anticonstitutionnel par les pro-Kabila.

UN Hauptquartier |  Ignace Gata Mavita Wa Lufuta
Image : picture-alliance/AP Photo/M. Elias

La décision de rappeler définitivement Ignace Gata et Zénon Mukongo, deux ambassadeurs accrédités à l'ONU (respectivement à New-York et à Genève), intervient à quelques jours seulement du débat sur le renouvellement du mandat de la Monusco.

Dans un document datant de la fin du mois de novembre et largement partagé sur les réseaux sociaux ce mercredi, des explications ont été exigées par Marie Ntumba Nzenza, la ministre des Affaires étrangères, sur le soutien appuyé de la RDC à la Chine dans le dossier des Ouighours au Conseil des droits de l'homme.

Une décision contestée par le Sénat

Dans le camp du FCC de l'ancien président Kabila, on soutient que la pression des Etats-Unis sur le président Félix Tshisekedi aurait motivé cette décision.

Le Sénat conteste la procédure utilisée par Marie Ntumba Nzenza pour mettre fin aux fonctions des deux diplomates. La ministre est sommée par le Sénat de s'expliquer sur sa décision, comme le rapporte la sénatrice Francine Muyumba, présidente de la Commission des relations extérieures du Sénat. 

Zenon Mukongo Ngay a été rappelé de GenèveImage : Getty Images/H. Masuike

"En ce qui concerne les deux ambassadeurs, nous avons tout ce qu'il y a comme informations, nous avons le message de notre ministre des Affaires étrangères, nous avons également des notes explicatives des concernés. C'est qui est plus important à savoir est que le poste d'ambassadeur est un poste avec beaucoup de dignité, c'est l'image du pays. Et le monde nous regarde, donc nous attendons la réponse de la ministre."

Jusqu'à présent il n'y a pas eu de réaction officielle du gouvernement, ni de l'UDPS, son parti.

L'ambassadeur au Japon également rappelé

Ancien vice-ministre des Affaires étrangères et membre du FCC, Yves Kisombe s'interroge sur les conséquences de cet acte sur la coalition FCC-CACH au pouvoir.

"Cet acte qui n'est pas régulier peut susciter des interrogations sur le plan politique par rapport à la coalition gouvernementale, par rapport à la volonté du président de la République de faire avancer les choses de manière harmonieuse."

Quant à l'ambassadeur de la RDC au Japon, Ramazani bin Kithima, il a lui aussi été rappelé définitivement à Kinshasa. Il est accusé d'avoir spolié l'immeuble de l'ambassade congolaise à Tokyo, une accusation qu'il réfute.

Un cas cornélien pour les ambassadeurs rappelés

Cette nouvelle discorde politique apparait en toile de fond du partage des responsabilités sur la diplomatie et les entreprises publiques au sein de la coalition FCC et CACH.

Hervé Diakiese est membre de la société civile et il estime que les ambassadeurs nommés par l'ancien président Joseph Kabila risquent de se retrouver dans une situation où ils auront à choisir entre deux fidélités contradictoires.

"Si Félix Tshisekedi aujourd'hui revient sur la logique de main tendue, de bras ouvert, alors forcément les ambassadeurs restés en poste depuis cette époque (du régime Kabila, ndlr) vont se retrouver dans une situation schizophrénique", explique Hervé Diakiese. "Ils ne peuvent ni renier les engagements pris au nom de la République dans le passé, ni aujourd'hui être appelés peut-être à passer des messages totalement contradictoires. Dans la logique de cohabitation ou coalition, ça va être une source réelle de problèmes pour le pays."

Rappelons que tous les diplomates congolais en poste aujourd'hui avaient été nommés par l'ancien président Joseph Kabila.

 

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