La recommandation faite au président de RDC, Félix Tshisekedi, de lever  l'état de siège a été annoncée ce mercredi (16.08.2023) à l'occasion d'une réunion de deux jours à Kinshasa. Dans l'est du pays, où les habitants sont toujours soumis aux attaques des groupes armés, les réactions à cette annonce sont plutôt positives.

"Une bonne nouvelle"

Marie-Georgette Kavira attendait, sans grand espoir, les conclusions de cette réunion dans le site de déplacés internes à Oicha, où elle vit depuis deux ans.

Cela fait aussi deux ans que l'état de siège a été instauré dans le Nord-Kivu. Marie-Georgette Kavira espérait la paix et son retour dans son village situé à 50 kilomètres d'Oicha. Mais rien de tout cela n'est arrivé.

"Lorsque la mesure décrétant l'état de siège a été prise, nous avons beaucoup espéré le rétablissement de la paix", se souvient-elle. "Mais nous n'avons pas bénéficié de cette mesure ! Regardez, nous vivons encore dans ce camp des déplacés alors qu'on espérait rentrer dans nos villages, cultiver nos champs et vivre dignement. Mais la paix n'est pas là, deux ans après", explique Marie-Georgette Kavira.

Desanges Kavira, infirmière, pense que la recommandation de lever l'état de siège est une bonne chose. Pour elle, le bilan de ces deux années est négatif et elle espère pouvoir participer aux prochaines élections de décembre 2023.

"C'est une bonne nouvelle pour nous, la population d'Oicha. Quand le président a déclaré l'état de siège, c'était dans le but de protéger la population. Mais on a constaté l'augmentation des crimes contre la population civile. Nous étions aussi inquiets de ne pas participer aux élections avec cet état de siège. Aujourd'hui, nous sommes sûrs que nous serons aux élections", précise Desanges Kavira.

L'attente de la décision de Félix Tshisekedi

La société civile de Beni salue aussi la recommandation. Richard Kirimba souhaite que le président de la République confirme et décide de la levée de l'état de siège.

"C'est ça notre souhait, déclare Richard Kirimba à la DW. Ce que nous attendons du président de la République, c'est de matérialiser les propositions issues de la table ronde sur l'état de siège, lesquelles propositions reflètent les vœux des populations de l'Ituri et du Nord-Kivu. Si l'état de siège n'a pas réussi, c'est parce que les objectifs militaires se sont vite transformés en objectifs économiques, plutôt que de renforcer des stratégies de combats sur terrain qui auraient pu améliorer la situation sécuritaire."

Les conclusions de la table ronde sur l'état de siège seront soumises au président de la République, à qui reviendra la décision finale de maintenir ou pas l'état de siège qu'il a lui-même décrété, en mai 2021, dans les deux provinces de l'est de la RDC.

A son ouverture, Félix Tshisekedi a déclaré que cette table ronde donnera une orientation concertée pour pacifier l'Ituri et le Nord Kivu. Un objectif toutefois jamais atteint, en dépit de deux ans d'état de siège.