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RDC : Plus 500 cas de malnutrition à la prison de Bunia

4 septembre 2020

Dans la province de l'Ituri, le directeur de la prison centrale de Bunia a lui-même lancé l'alerte. Deux détenus sont morts de faim.

Image symbole d'une prison
Image symbole d'une prisonImage : picture-alliance/AP Photo/A. Nabil

Dans la province de l'Ituri, à l'Est de la République démocratique du Congo, plus de 500 cas de malnutrition ont été rapportés dans la prison centrale de Bunia. Deux détenus sont même morts de faim en début de semaine. Le directeur de l'établissement pénitentiaire a lancé un appel au gouvernement congolais pour qu'il libère des crédits permettant d'acheter les rations alimentaires des détenus.

Cela fait déjà quatre mois que les détenus incarcérés dans le centre pénitentiaire de Bunia  lancent un cri de détresse aux autorités par manque de nourriture et de  médicaments. 

Malnutrition à la prison de Bunia : écoutez le sujet de notre correspondant

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C'est le cas de ce prisonnier qui avoue qu'il traverse un des pires moments de sa vie. Celui-ci, comme ses codétenus, n'a droit qu'à un seul gobelet de bouillie tous les trois jours : 

"Nous souffrons beaucoup ici en prison. Nous n'avons pas de nourriture,  pas de médicaments et nous n'avons rien pour dormir. Nous ne recevons qu'un seul gobelet de bouillie toutes les 72 heures. Nous demandons l'implication des autorités. C'est vrai que nous sommes prisonniers mais l'Etat doit prendre ses responsabilités pour résoudre cette grave carence alimentaire." 

Le pire est à craindre

Selon le directeur de la prison, cette situation est la faute de l'Etat congolais qui tous les trois mois doit envoyer une subvention pour l'achat des rations alimentaires. Or, depuis le début de l'année, aucune somme n'a été virée par les autorités congolaises. Major Camille Nzonzi est le directeur de la prison de Bunia :

"Depuis le mois de janvier, on n'a reçu aucun fond du gouvernement. Et aujourd'hui,  nous pouvons vous dire qu'il n'y a rien dans notre dépôt, on n'a rien comme nourriture et cela depuis une semaine. Depuis quatre jours, les détenus n'ont plus rien à manger. Dernièrement deux détenus sont morts. En plus de ça,  il y a une carence en produits pharmaceutiques." 

Major Camille Nzonzi réclame aux autorités de décaisser les fonds qui seront mis à la disposition des prisonniers. Sans quoi, selon lui, le pire est à craindre :  

"La seule solution à ce problème revient aux autorités. Le gouvernement doit envoyer le fond alloué aux prisonniers comme il le faisait avant. Cela aidera ces gens qui sont en détresse." 

En plus du problème alimentaire, la prison centrale de Bunia fait face à une surpopulation carcérale. Cet établissement qui devait accueillir 220 détenus en abrite désormais plus de 1.300. 

Cette promiscuité a été à la base de plusieurs épidémies comme la diarrhée qui a causé en 2018 le décès de onze détenus dans cette même prison. 

Même situation à Kinshasa

À la prison centrale de Makala à Kinshasa la situation n'est pas meilleure. Avec une capacité initiale de 1.500 détenus, elle en héberge actuellement plus de 8.000.

Les ONG s’inquiètent du sort des prisonniers et accusent le gouvernement  de ne pas accorder d’attention aux prisons du pays. Georges Kapiamba, président de l’ONG Accès à la Justice :

"Le gouvernement n’a pas inscrit les crédits relatifs  à l’approvisionnement des prisons  en nourriture et en médicaments parmi les dépenses contraignantes, c’est-à-dire qui sont censées être obligatoires et essentielles chaque mois."

Le vice-ministre de la Justice, Bernard Takahishe, affirme que le gouvernement a pourtant débloqué les fonds et qu’il va nommer une commission d’enquête pour faire la lumière sur leur utilisation.

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