RDC : une armée inefficace face aux rebelles
30 janvier 2025Dans son discours à la nation, mercredi soir, Félix Tshisekedi a réclamé l'enrôlement des jeunes pour sauver le pays. "Enrôlez-vous massivement dans l'armée" a-t-il lancé.
Pour le président congolais, la mobilisation de la jeunesse est "déterminante pour la victoire finale".
Et pourtant, lors de sa campagne électorale de 2023, le président Félix Tshisekedi louait déjà la "montée en puissance" de son armée.
Aujourd'hui, les rebelles soutenus par Kigali, contrôlent un vaste territoire au Nord-Kivu, supérieur même à la superficie du Rwanda, et ses combattants ont franchi la province du Sud-Kivu, sans être stoppés par l'armée congolaise.
Celle-ci est pourtant classée, par l'institut américain Global Firepower, à la huitième place sur le continent africain.
"C'est un problème systémique"
Pour Onesphore Sematumba, spécialiste des Grands Lacs à l'International Crisis Group, le problème de l'armée congolaise est plutôt structurel.
"Le président de la République a tenté de remédier (aux faiblesses) en faisant des remaniements au sein de l'armée. Il a fait un chambardement, mais ce qui se passe aujourd'hui montre que ce n'est pas un problème de personne, ce n'est pas un problème seulement de généraux ou de colonels : c'est un problème systémique. C'est là qu'on en est malheureusement", regrette Sematumba.
Malgré les réformes opérées, l'armée congolaise reste en effet affaiblie par sa composition hétéroclite, en raison de l'intégration en son sein d'anciens membres repentis de groupes armés.
Besoin de reformes courageuses
Par ailleurs, les experts des questions militaires déplorent le manque de transparence dans l'attribution des budgets et les détournements de fonds destinés aux soldats sur le terrain, à commencer par leur salaire.
Dans une interview accordée, en février 2023, à Actualité.cd, un média congolais en ligne, Jean-Jacques Wondo, expert militaire et auteur du livre "Les armées du Congo-Kinshasa", avait pointé l'absence de motivation des troupes et la corruption qui nuisent à l'efficacité des opérations militaires.
En septembre dernier, Jean-Jacques Wondo a été condamné à la peine de mort par la justice militaire congolaise qui l'accuse d'être "le concepteur" d'une tentative de coup d'Etat que l'armée affirme avoir déjouée, en mai 2024. Cette condamnation a été confirmée ce lundi (27 janvier) en appel.
Selon le dernier classement de Global Firepower, l'armée congolaise compte plus de 160.000 militaires actifs, auxquels s'ajoutent 31 000 réservistes et 10 000 paramilitaires.
Et pour le président Félix Tshisekedi, aujourd'hui, la jeunesse, "doit se lever et mettre son énergie et sa créativité au service de la nation".