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La grève des transporteurs se poursuit dans le Nord-Kivu

Zanem Nety Zaidi
17 juin 2024

Les transporteurs routiers protestent contre l'indifférence de Kinshasa face à la dégradation de la situation socio-économique et sécuritaire dans leur région.

Des conducteurs se tiennent à côté de leurs camions sur une route près de Kibumba, à 25 kilomètres au nord de Goma, le 13 novembre 2008
Les transporteurs routiers disent être soumis aux tracasseries sur les différents axes routiers contrôlés par les rebelles du M23 et les groupes armés locauxImage : Yasuyoshi Chiba/AFP/Getty Images

Dans plusieurs marchés de la ville de Goma, dans l'est de la RD Congo les prix des denrées alimentaires ont fortement augmenté suite à la grève des transporteurs, il y a une semaine. Les prix de certains produits comme les haricots ont même doublé.

Une situation que déplore Fidèle Byuma, observateur des questions sociales et de sécurité dans la province du Nord-Kivu.

"Une mesure des haricots qu'on achetait à 1.200 francs, ce jour-ci elle se négocie à 3.000 francs. Ceci perturbe toute la situation, et la population du Nord-Kivu est en train de se poser la question de savoir si elle se retrouve dans un Etat ou tout autre chose."

La fin de la grève n’est pas en vue

La grève a été lancée à l'issue d'une réunion tenue le lundi dernier à Goma par le collectif des transporteurs et vendeurs de vivres sur les axes Goma-Masisi-Walikale et Goma-Kanyabayonga-Butembo.

Ecoutez le reportage de Zanem Nety Zaidi, le correspondant à Goma

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Gervais Kanane, le président du mouvement du collectif, affirme que l'idée de mettre fin à leur mouvement n'est pas encore envisagée car les autorités ne semblent pas répondre à leurs revendications.

"Nous ne voulons plus continuer à nous sacrifier, autant mieux garder d'abord nos véhicules dans les enclos, en attendant que nos revendications soient prises en compte. Un véhicule qui payait 50 dollars, paye aujourd'hui 120 dollars. Nous sommes allés voir le gouverneur pour ça, il nous a dit qu'il allait répondre positivement, mais jusque-là ça fait plus d'un mois, la situation reste la même. Il a multiplié la taxe par trois, alors qu'il n'y a aucun cantonnier ni aucun entretien qui se fait sur les routes."

Entre le marteau et l'enclume

Les transporteurs disent qu'ils sont entre le marteau et l'enclume, les rebelles du M23 et le gouvernement provincial leur imposant des taxes de manière forfaitaire.

Par exemple, les petits véhicules doivent payer 320 dollars US à chaque passage et les gros véhicules 400 dollars US dans les régions contrôlées par les groupes armés.

Et lorsqu'ils arrivent dans les zones contrôlées par l'armée, les mêmes véhicules doivent aussi débourser plus d'argent qu'avant le début de la guerre alors qu'ils devraient en être exemptés, selon Serge Kambale, un défenseur des droits de l'Homme.

Depuis plusieurs décennies, les populations de l’est de la RDC doivent faire face à des attaques répétées des groupes armés Image : DW/Flávio Forner

"Depuis longtemps, la société civile a demandé au gouvernement central de déclarer cette province une zone sinistrée, malheureusement c'est le contraire qui est fait. C'est pour cela que nous nous demandons si réellement le gouvernement pense à cette population qui traverse une situation très difficile, et ne vous étonnez pas de constater dans les jours qui sont entrain de venir, la frustration de la population prendre toutes les directions."

Contacté, le porte-parole du gouverneur militaire du Nord-Kivu a rassuré que les revendications des transporteurs sont en pleine étude au niveau de la hiérarchie.