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Les forces du progrès, un hydre insaisissable en RDC

Wendy Bashi
9 août 2024

Le tribunal de grande instance de Kinshasa/Gombe a condamné le 8 août à Kinshasa, une quinzaine de prévenus à la peine capitale, dans le procès contre la Force du progrès.

Campagne pour l'élection présidentielle en RDC Congo Lubumbashi (Photo d'illustration)
L'Union pour la démocratie et le progrès social a été fondé en février 1982 (Photo d'illustration)Image : Paul Lorgerie/DW

Les forces du progrès sont un mouvement affilié à L'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le parti présidentiel.

Ces personnes ont été jugées pour des infractions présumées de destruction méchante, coups et blessures, pillages, tentative de meurtre et rébellion, après l'incident qui a eu lieu le 03 août dans la commune de Ngaliema.

Ce n’est pas la première fois que ce mouvement de jeunes est pointé du doigt dans des faits de violence. 

Gecko Beya arbore toujours un béret rouge. "C’est pour se souvenir de tous nos frères qui sont morts dans lutte pour la fondation d’un état de droit" explique l’un des trois pères fondateurs des forces du progrès.

Avec les événements qui ont eu lieu récemment impliquant cette structure affiliée au parti présidentiel, Gecko Beya dit ne plus vraiment appartenir au mouvement. Il en est juste le président honoraire et ne se reconnaît donc pas dans tout ce qu’il peut lire ou entendre à propos des membres des forces du progrès.

Un fonctionnement bien particulier

Comme les parlementaires debouts, les motocyclistes, les forces défensives et d’autres forces au sein de l’UDPS, le mouvement le forces du progrès possède son propre mode de fonctionnement.

Pour Gecko Beya, il faut placer la genèse du mouvement en 2006 quand Joseph Kabila était au pouvoir. Des élections sont alors organisées mais l’UDPS, principal parti d’opposition n’y participera pas et décide de les boycotter.

A ce moment-là, tous les moyens légaux et sans violence armée sont bons pour faire partir Kabila.

Dix-huit ans plus tard,l’UDPS est au pouvoiret les forces du progrès ont aussi évolué.

L'UDPS organise son premier congrès ordinaire du 10 au 14 décembre 2010 lors duquel Étienne Tshisekedi est élu président (Photo d'illustration)Image : Paul Lorgerie/DW

"Le président m’avait demandé de ne plus gérer ce mouvement pour faire autre chose. Ces derniers temps, il a fait appel à moi, pour me dire que la force du progrès était en train de prendre une autre dimension," explique-t-il à la DW. 

 "Il (le président, Ndlr) m’a demandé de tous les appeler et demander à ce qu’ils s’organisent parce qu’ils commençaient à œuvrer en autonomie. Il y avait aussi des jeunes gens qui quittaient le PPRD et qui venaient adhérer à la force du progrès juste pour nuire à son image. "

Forces de résistance?

" Nous exhortons les services compétents à imposer l’ordre public" (Christian Lumu)

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Christian Lumu est le vice -président national de la ligue des jeunes de l’UDPS.

En 2017, il a été élu secrétaire général des forces du progrès qu’il qualifie de force de résistance. Il ne se reconnaît pas dans les récents actes de violence imputés aux forces du progrès.

"La responsabilité pénale étant individuelle, nous exhortons les services compétents à imposer l’ordre public, mais aussi identifier les présumés criminels qui posent des actes de violence et de vandalisme sous casquette d’appartenir à une organisation affiliée à la ligue des jeunes", insiste Christian Lumu.

 "Nous condamnons ces actes de violence. Le parti doit prendre les mesures qui s’imposent afin que l’ordre public soit garanti"

 Instrumentalisation politique ?

La grande majorité des mouvements de jeunes en RDC finit par être instrumentalisée par les acteurs politiques, précise François Polet, auteur d'une thèse en sociologie sur les nouvelles formes de militantisme de la jeunesse en RDC.

Pour le docteur en sociologie, cette tendance est liée au fait qu’il est difficile pour un jeune congolais de se faire une place honorable dans la société en dehors de la sphère politique ou sans connexion politique.

"Dès le départ, les forces du progrès entendent traduire par eux même les mots d’ordre du président de l’UDPS, Etienne Tshisekedi puis Felix Tshisekedi en actions protestataires dans la rue. Ils n’hésitent pas non plus à exercer des intimidations physiques sur les cadres de l’UDPS qui a leur sens s’écartent des mots d’ordre présidentiel ou font montre d’un manque de loyauté vis à vis d’Etienne puis de Felix Tshisekedi, " estime François Polet.

En mars 1982, les principaux membres de l'UDPS sont arrêtés et condamnés à 15 ans de prison (Photo d'illustration)Image : Paul Lorgerie/DW

 "Certains cadres ont été passés à tabac par les combattants des forces du progrès. Au fil des ans, ce groupe à caractère politique va progressivement marchander sa force de frappe physique auprès des cadres de l’ UDPS dans le cadre des luttes de pouvoir internes au parti", ajoute-t-il.

Cités dans des faits de violence

Maitre Jean Claude Katende, défenseur des droits de l’Homme rappelle les évènements de 2023 pendant la période électorale.

A l’époque, les forces du progrès ont été citées pour des faits d’agression contre des militants des partis de l’opposition.

"Ils ont été cités dans beaucoup de situations compromettantes lors des élections de 2023. Mais aussi quand vous allez dans les environs de la septième rue à Limete, il y a beaucoup de cas qui sont signalés, des personnes qui ont été agressées, des motos qui ont été ravies. Et souvent ce sont les jeunes des forces du progrès qui sont cités," déplore le défenseur des droits de l’Homme.

Le ministère public qui a requis la peine de mort contre tous les prévenus. S’agissant de l’attaque qui a eu lieu à la résidence de l’ancien président Joseph Kabila, le tribunal ne connaît pas cette attaque.

 

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