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RDC / Rwanda : les dessous de la déclaration de Washington

28 avril 2025

Signée vendredi par Kigali et Kinshasa sous l'égide des Etats-Unis, la déclaration est saluée... avec prudence.

Lors de la cérémonie de la signature de l'accord de Washington, de gauche à droite : Thérèse Kayikwamba Wagner, Marco Rubio, Olivier Nduhungirehe
Thérèse Kayikwamba Wagner, Marco Rubio, Olivier Nduhungirehe : quels sont les intérêts réels des parties signataires de l'accord de Washington ?Image : Kevin Dietsch/Getty Images

La déclaration de Washington vise à promouvoir la paix et le développement économique dans la région des Grands Lacs, tout en mettant fin au conflit qui déchire l'est de la RDC. Les Etats-Unis qui l'ont parrainé, annoncent d'importants investissements. L'est de la RDC est réputé pour être le réservoir de minerais critiques.

La République démocratique du Congo détient une part importante des minerais dits "3T" : tantale, tungstène et étain sans lesquels les smartphones, les ordinateurs et autres consoles de jeux ne peuvent être fabriqués. Les Etats-Unis annoncent des investissements significatifs. Mais ces derniers nécessitent un climat de paix.

Semaine décisive pour la paix

"Les gagnants de cet accord ce sont les États-Unis suivis du Rwanda"

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Une date retient toutes les attentions : le 2 mai, soit vendredi prochain au plus tard, Thérèse Kayikwamba Wagner, ministre congolaise des Affaires étrangères et son homologue rwandais, Olivier Nduhungirehe, se proposent de soumettre un plan de sortie de crise. C'est en tout cas ce qui est annoncé après la signature à Washington de la déclaration de principes.

A Walikale dans l'est, la société civile se montre prudente. "C'est une bonne chose" estime Fiston Misona, son président. "Néanmoins, nous avons toujours déploré la complicité et aussi le comportement malsain et de ruse qu'utilise notre voisin, le Rwanda. Nous demandons à toute la population congolaise d'être toujours vigilante. Nous avons envie de voir un Congo prospère, digne, fort, avec une forte unité en collaboration avec les pays voisins."

Pression américaine

Le département d'Etat américain soutient que l'objectif de la déclaration signée est de permettre aux deux pays de profiter des ressources naturelles abondantes dans la région, grâce à des partenariats économiques et des investissements mutuellement bénéfiques. 

Mais pour le professeur Nico Omeonga, il y a de quoi s'inquiéter. L'économiste congolais rappelle que la RDC n'a pas de technologie avancée de transformation de ses ressources : 

"Ce sont les Etats-Unis qui ont presque imposé la signature de cet accord pour leur propre intérêt. Dans cet accord, nulle part il a été indiqué, que les minerais qui font l'objet de la guerre, seront traités au pays. Nous serons toujours les dindons de la farce comme nous l'avons été depuis. Donc, les gagnants de cet accord ce sont les Etats-Unis suivis du Rwanda."

L'accès crucial au minerais

RDC : Quel rôle jouent les minerais dans le conflit ?

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Ce que soutient également Ntal Alimasi, spécialiste en gouvernance et anti corruption. Il souligne que cette déclaration de principes est un spectacle secondaire, mais que le vrai jeu ce sont les termes de l'accord sur les minerais critiques entre la RDC et les Etats-Unis.

"Les Etats-Unis ont certes besoin de la paix et de la sécurité. Mais le véritable enjeu c'est l'accès à ces minerais et aussi contrecarrer la quasi suprématie de la Chine dans la région. Peut-être, pour une fois, les Congolais font preuve de retenue et de rigueur en gardant bien serrées leur cartes dans ce jeu."

L'est de la RDC abrite des centaines de groupes armés dont les rebelles du M23 qui contrôlent les villes de Goma et de Bukavu, respectivement chefs-lieux des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Ils occupent également plusieurs autres territoires de ces deux provinces.