RDC : malgré l'accord de paix, les FDLR toujours en action
4 juillet 2025
Le débat sur la neutralisation des FDLR contenu dans l’accord de Washington est relancé après la publication mercredi, du rapport des experts des Nations unies sur la situation dans l’est de la RDC. Un rapport selon lequel, parmi les forces supplétives qui combattent aux côtés de l’armée congolaise, figurent non seulement les Wazalendo, mais aussi les FDLR. Une rébellion fondée par d'anciens responsables du génocide contre les Tutsis en 1994.
Le gouvernement congolais envisage d'abord une sensibilisation à l’endroit de ce mouvement rwandais. "Il s'agit tout d'abord sensibiliser les FDLR sur la possibilité de retourner chez eux et la possibilité d'y être pris en charge à travers la commission de démobilisation du Rwanda et d'être réintégrés dans la société rwandaise", estime Thérèse Kayikwamba Wagner, ministre congolaise des affaires étrangères.
"Si nous voyons que c'est une étape qui a beaucoup de succès et qu'il ne s'agit plus que de poches de résistance, encore une fois, avec plus d'insistance, on va essayer de motiver les FDLR. Ceux qui ne voudront pas se rendre feront face à des opérations militaires."
Un véritable ancrage sociologique
Les combattants des FDLR sont depuis plus de 30 ans installés dans l'est de la RDC. Certains observateurs, comme le Professeur Philippe Doudou Kaganda, directeur scientifique du Centre de recherche et d'étude sur les conflits et la paix dans la région des grands lacs, pensent qu'il ne sera pas facile de les neutraliser
"Il y a aussi un certain ancrage sociologique par des mariages ou par des enfants nés des FDLR ici et là. Finalement il faut plutôt considérer que c'est une idéologie. C'est donc un regard, une vision fondée sur un retour digne au Rwanda, d'un certain groupe de personnes qui se sentent exclues de leur patrie par le régime de Kigali. Ce n'est pas toujours évident qu'à la suite d'un accord on puisse mettre fin au phénomène des FDLR", considère le Professeur Kaganda.
Alors qu'ils ne représentaient qu'environ 1.000 combattants au début de l'année 2025, l'armée congolaise a continué à utiliser ces FDLR contre les rebelles du M23, précise le rapport des experts des Nations unies. Ce qui aurait causé d'importantes pertes humaines au sein des FDLR.
Une menace existentielle pour Kigali
Si l'accord de Washington insiste sur la neutralisation des FDLR, dont la capacité de nuisance reste discutable, en revanche, il mentionne à peine les rebelles du M23 qui opèrent dans les mêmes zones que les FDLR. Une situation qui choque de nombreux Congolais selon Yvon Muya, spécialiste de la résolution pacifique des conflits violents.
"Ce groupe, comme le montre plusieurs rapports, opère aujourd'hui dans la zone occupée par les M23 et donc, dans une partie contrôlée par des mouvements pro-rwandais. Tout cela apparaît très injuste du côté de l'opinion congolaise, d'autant plus qu'on n'impose pas la même condition au Rwanda, par exemple, de cesser son soutien aux M23. Mais c'est un compromis qui a été trouvé par les deux parties", estime Yvon Muya.
Le Rwanda n’a jamais explicitement reconnu sa présence militaire dans l’est de la RDC, se limitant à justifier le maintien de "mesures défensives" en raison de la présence des FDLR, que Kigali considère comme une "menace existentielle".