Pas de discrimination ethnique en RDC selon des experts
25 septembre 2025
Dans un post publié sur sa page X (24.09.2025), Olivier Nduhungirehe, le ministre rwandais des Affaires étrangères, énumère une série de violences qu’il impute à l’armée congolaise et aux Wazalendos et qui ont, selon lui, ciblé les "Banyamulenge", notamment en octobre 2023, dans le village de Nturo, dans le Nord-Kivu, ou à Minembwe, dans les hauts plateaux.
Cette accusation sonne comme une réplique à Kinshasa qui dénonce le génocide que commettrait le Rwanda dans l’est de la RDC.
Les propos du ministre rwandais n’ont rien de nouveau, car c’est au nom de la défense de cette communauté et de la lutte contre les FDLR, les rebelles hutus rwandais, que Kigali est militairement présent dans l’est de la RDC.
De la manipulation, selon des experts
Selon Claude Maluma, auteur d'un livre sur la crise dans l'est de la RDC, le Rwanda est dans la manipulation et n’a pour objectif que le pillage des ressources de la RDC.
"Au Congo, à l’époque du maréchal Mobutu, qui a fait 37 ans de pouvoir, son premier directeur de cabinet était un tutsi. Il n’y a jamais eu de problème de cohabitation au Congo. Pour diviser les Congolais, il fallait semer la haine et le tribalisme et utiliser cette ethnie tutsi qui a des ramifications au Rwanda. Ce sont les mêmes rebellions qui se succèdent, les mêmes personnes qui se succèdent. Le Rwanda, c’est le bras séculier des pilleurs, des voleurs, des multinationales qui veulent balkaniser le Congo."
Erik Kennes est expert en politique et en histoire et spécialiste des Grands Lacs. Il estime qu'aucune communauté n’est persécutée au Congo.
"L’armée défaite de Habyarimana (l’ancien président hutu dont l’assassinat, en 1994, a provoqué le début du génocide rwandais, ndlr) qui est entrée au Congo a commencé à reprendre l’idéologie anti-tutsi, du fait que les Tutsis étaient socialement élevés et cela a créé des jalousies. Une partie des Congolais est tombée dans ce jeu. Il n’y a jamais eu de persécution des Tutsis au Congo. Il y a eu des cas individuels, mais pas de génocide. C’est une excuse que le Rwanda veut utiliser pour justifier son occupation d’une partie du Congo."
Ces deux experts estiment aussi que la RDC représente plus de 400 communautés ethniques qui vivent en harmonie depuis des siècles sur ce territoire.
"C’est une communauté pleinement congolaise"
Toutefois, les massacres récurrents entre les communautés hema et lendu, dans la province de l’Ituri, sont au moins un exemple que cette cohabitation n’est pas toujours pacifique. Mais qui est cette communauté que le Rwanda appelle "Tutsis congolais" ?
"On n’a pas de communauté tutsi au Congo. On a des Congolais et les tribus congolaises sont des personnes qui, à l’époque coloniale, ont été amenées pour travailler dans les mines du Congo. Leurs enfants et petits-enfants ont choisi de rester au Congo, à côté d’une colline qu’on appelle Mulenge et c’est ce qui a donné le nom Banyamulenge. C’est une communauté qui vit au Congo et qui est pleinement congolaise", explique le chercheur Erik Kennes qui rappelle aussi que cette communauté aurait fui une série de persécutions au Rwanda, avant et après la période coloniale.
Depuis des années, le Rwanda est pointé du doigt pour son implication dans la déstabilisation de l’est de la RDC. Selon des experts de l’Onu, 3 000 à 4 000 soldats rwandais soutiendraient les rebelles du M23 qui combattent l’armée congolaise dans l’est de la RDC.
Le M23 affirme pour sa part défendre la communauté tutsi vivant dans cette région, laquelle serait marginalisée.
Dans ce débat sensible, les mêmes experts des Nations unies rappellent que des atrocités sont commises à la fois par les rebelles du M23 et par l’armée congolaise, ou par ses supplétifs, les milices wazalendo.