1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Insécurité dans l'est de la RDC, Washington hausse le ton

28 octobre 2022

Les Etats Unis demandent au Rwanda de cesser de soutenir le M23 alors que dans l'est de la RDC, les affrontements entre les FARDC et les rebelles continuent.

Un soldat de l'armée congolaise
Les combats entre les FARDC et les rebelles du M23 continuentImage : Guerchom Ndebo/AFP/Getty Images

Dans l'est de la République démocratique du Congo, les affrontements entre l'armée congolaise et les rebelles du M23  continuent. Ils ont fait des dizaines de victimes et ont jeté des milliers d'habitants sur les routes. Ces combats ont lieu alors que cette semaine, le 26 octobre, Robert Wood, représentant pour les Affaires politiques spéciales des Etats-Unis, a lancé un appel lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'Onu  à New York. Un appel en direction des rebelles mais aussi de ceux qui sont accusés de les soutenir… et le Rwanda a été cité.

"Acteurs étatiques"

"Les Etats-Unis exigent des groupes armés qu'ils mettent fin à leurs attaques contre les populations (…) Nous appelons également les acteurs étatiques à cesser de soutenir ces groupes."

Lors de son intervention, Robert Wood n'a pas manqué de citer les acteurs étatiques en question puisqu'il évoque "l'aide apportée par les forces de défense rwandaises au M23".

Des soldats de l'armée congolaise en route pour combattre les rebelles du M23.Image : Guerchom Ndebo/AFP/Getty Images

Pour Michel Lutumbwe, chercheur sur la gouvernance au Centre de Recherche sur la Paix et la Sécurité, le Grip, au-delà de la dénonciation, il faut un certain un nombre de conditions pour que cet appel des Etats-Unis ne reste pas lettre morte.

"Pour qu'un tel appel ait des résultats sur le terrain, on l'a vu en 2012, il a fallu un alignement. Il y a eu des pressions diplomatiques, il y a eu des sanctions prises à l'égard du Rwanda (...) et puis la pression militaire à travers la brigade d'intervention de la Monusco. Actuellement, on sent une diplomatie de petits pas avec des hésitations", explique à la DW le chercheur qui rappelle les risques de contagion dans la sous-région si une solution n'est pas vite trouvée. .

Il faut dire que le Rwanda occupe actuellement une place plutôt importante sur l'échiquier politique. C'est le chef de l'Etat rwandais qui préside par exemple le Commonwealth. Autre exemple, la secrétaire générale de la Francophonie est une Rwandaise. 

Enfin, le Rwanda tend de plus en plus à se positionner comme un pays offrant des opportunités économiques pour les investissements étrangers.

Un rapport toujours confidentiel

L'Onu avait déjà mentionné les accusations de soutien de Kigali au M23 dans un rapport confidentiel rédigé par un groupe d'experts. Un rapport qui n'a jusqu'à présent pas été rendu public. Selon Michel Lutumbwe en rédigeant ces rapports "il y a toujours la volonté de rechercher un certain équilibre au niveau diplomatique et de ménager les possibilités d'une gestion négociée de la situation en cours en ne braquant pas trop les parties qui pourraient être mises en cause dans ces rapports".

Des déplacés dans la ville de Bunagana désormais contrôlée par le M23Image : Guerchom Ndebo/AFP/Getty Images

Dans ce dossier, Kigali se défend en brandissant la menace que représenteraient pour son territoire les rebelles des Forces démocratiques de libération du Rwanda, les FDLR, présents en RDC. 

Il s'agit d'une milice fondée par des Hutus de souche qui ont fui le Rwanda après avoir participé au génocide de 1994.

En attendant, sur le terrain, les affrontements continuent avec leurs lots de victimes et de déplacés. "Depuis la reprise des combats jeudi dernier, on estime qu'à peu près 40.000 personnes sont déjà déplacées seulement pour la zone de Rutshuru", a précisé cette semaine Yvon Edoumou le responsable de la communication du bureau de coordination des affaires humanitaire en RDC.

En juin, le M23 avait pris le contrôle de la cité de Bunagana, à la frontière avec l'Ouganda. Une cité qui est toujours entre ses mains.