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RDC-Rwanda: les tentatives de médiation se succèdent en vain

7 février 2023

A l’issue de la rencontre de Bujumbura le 04 février, les chefs d’Etat de l’EAC ont appelé à un cessez-le-feu immédiat et un retrait des groupes armés.

Felix Tshisekedi et Paul Kagame
Les tensions entre Kigali et Kinshasa persistent malgré les différentes tentatives de médiation (photo d'illustration)

Kinshasa accuse Kigali de soutenir la rébellion du M23 active dans l’est de son territoire, tandis que le Rwanda souligne la coopération entre l’armée congolaise et les FDLR, opposés au pouvoir rwandais. Pour Bob Kabamba, politologue et professeur à l’Université de Liège en Belgique, la présence des FDLR dans l’est de la RDC est un motif qui arrange bien les intérêts du Rwanda.

Dans cet entretien qu’il nous a accordé, Bob Kabamba rappelle que chaque pays s’est rendu à cette rencontre avec un agenda qui ne correspond pas forcément aux intérêts communs.

"L’incompatibilité de tous ces agendas ne permet pas d'arriver à un dénominateur commun " (Bob Kabamba)

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DW : Les chefs d’état de l’EAC se sont réunis samedi 04 février à Bujumbura au Burundi. Les tensions entre la RDC et le Rwanda étaient au menu de la rencontre. Hélas, il semblerait qu’aucune solution efficace à la crise n’ait été trouvée. Que retenir de cette rencontre ?

 

Bob  Kabamba : L’incompatibilité de tous ces agendas ne permettent pas d'arriver à ce qu'on pourrait appeler un dénominateur commun qui pourrait satisfaire tout le monde. C'est ainsi qu'on a un communiqué à minima qui n'est pas contraignant et qui encore une fois a des délais. Mais ces délais ne seront pas respectés du fait que l'étendue du territoire occupé maintenant par le M23 dans le Nord-Kivu est tellement grand que même les forces régionales seront incapables d’essayer, soit par la force, soit par les négociations politiques à réoccuper ce terrain qui serait libéré par le M23.

 

DW : Il y a également un élément de langage que l’on entend de plus en plus du côté rwandais. Les FDLR se serait alliés aux FARDC. Selon vous, est ce qu'aujourd'hui les FDLR pèsent vraiment dans la balance, dans ce qui se passe dans l'Est de la RDC?

 

Bob Kabamba : le FDLR, bien que affaibli au niveau du Congo, continue à représenter pour Kigali un enjeu majeur qui nécessite d'être éliminé. De ce fait, Kigali impute la responsabilité de la présence de ces groupes rebelles au gouvernement congolais qui n'arrive pas à l’éradiquer. Néanmoins, il ne faut pas non plus oublier que le Rwanda a déjà été impliqué dans plusieurs tentatives pour résoudre la question de la présence des FDLR dans l'est du Congo. Ces missions conjointes n'ont pas toujours été couronnées de succès et on peut dire de manière très claire que cela arrange Kigali, que le prétexte du FDLR persiste et cela donne une certaine légitimité à son discours de Kigali de pouvoir revendiquer le même lien qui existe entre le M23 et Kigali et le lien qu'il y a entre les FDLR et les FARDC.

 

DW : Aujourd'hui  quand on parle de ce qui se passe dans l'est de la République démocratique du Congo, certains intellectuels rwandais n'hésitent pas à dire que le réel problème, c'est que la RDC a des problèmes de politique intérieure et qu'on ne devrait pas pointer du doigt le Rwanda pour les échecs de cette politique intérieure. Est ce que c'est un avis que vous partagez?

 

Bob Kabamba : Les responsabilités sont partagées pour la bonne et simple raison qu'il y a effectivement des difficultés structurelles au niveau du Congo, d’un autre côté, parce que cette situation arrange bien du côté rwandais en disant : si le Congo est faible, alors je me porte garant de pouvoir intervenir sur le territoire congolais pour résoudre des questions liées à ma propre sécurité.

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