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RDC-Rwanda, aux origines de la crise

17 juin 2022

La situation reste tendue à Goma dans l’est de la RDC. Comment comprendre ce regain de violence ? Eléments de réponse dans cette analyse.

La tension monte à Goma depuis plusieurs jours
Image : Michel Lunanga/AFP/Getty Images

Tout a commencé à la fin du mois de mai lorsque l'armée congolaise et les rebelles du M23 se sont de nouveau accrochés sur plusieurs  fronts dans la province du Nord-Kivu, provoquant des déplacements continus de populations.

Depuis c’est l’escalade ! Les affrontements se déroulent sur fond de tensions renouvelées entre le Rwanda et la République démocratique du Congo.

Dans un premier temps, Kigali avait accusé l'armée congolaise d'avoir tiré des roquettes vers le Rwanda et d’avoir blessé plusieurs civils. Pour sa part, le Rwanda  est accusé par la RDC de soutenir la rébellion du M23.

Le M23 est une rébellion à dominante tutsi née en 2012. Ce mouvement rebelle avait brièvement occupé Goma avant d'être vaincu en 2013 par l’armée congolaise (FARDC) et les Casques bleus de l'Onu.

A (re)lire également : Des tirs à Goma, la tension monte entre la RDC et le Rwanda

Mais le mouvement rebelle a repris les armes en novembre 2021, reprochant aux autorités congolaises de ne pas avoir respecté un accord pour la démobilisation et la réinsertion de ses combattants.

"Tout ça se passe dans une histoire très longue et très compliquée avec une généalogie d’autres rébellions" (Christoph Vogel)

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La question qui reste aujourd’hui au cœur de cette crise est de comprendre comment ce mouvement rebelle qu’est le M23 arrive à maintenir ses ramifications au niveau régional.

Des habitants de Goma se sont rassemblés à la Petite barrière Image : Guerchom Ndebo/AFP/Getty Images

Pour Christophe Vogel, chercheur à l’université de Gand en Belgique, il faut remonter plus loin dans le temps, aux origines même des accords du 23 mars 2009 :

"Le problème qui se pose clairement si on regarde le M23 c’est peut être plutôt un problème historique parce que si on regarde aussi bien ce que fait le M23 aujourd’hui, cela peut être vu comparativement comme une petite guerre. Tout ça se passe dans une histoire très longue et très compliquée avec une généalogie d’autres rébellions soutenues par des pays voisins, y inclus le Rwanda par le passé. On pense notamment au RCD et au CNDP, et je pense que c’est ainsi que ce regain de tensions prend une place très particulière dans la mémoire collective et dans les discours collectifs entre les Congolais mais aussi les citoyens d’autres pays. C’est donc une tension qui est basée sur des injustices, sur des guerres, sur des violences et sur des altercations d’accusations qui n’ont jamais été résolues et c’est là qu’on voit le caractère explosif de la situation actuelle", explique le chercheur à la DW.

Risques de dérapage ?

Sur le terrain, cela va faire plusieurs semaines maintenant que des Congolais manifestent pour dénoncer l'"agression rwandaise" et exprimer leur soutien à l'armée congolaise.

 Ce mercredi (15.06) encore, plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Goma, à la frontière avec le Rwanda.

A (re)lire également : Une nouvelle force régionale pour l'est de la RDC ?

Un jour avant, à Kinshasa, la capitale congolaise, quelques centaines de personne avaient de nouveau manifesté pour demander la rupture des relations diplomatiques avec le Rwanda, accusé de soutenir la rébellion du M23, et appeler le président congolais Félix Tshisekedi à sortir de son silence.

Les Nations unies se sont dit profondément préoccupées par des rapports faisant état d’une augmentation des discours de haine contre certaines communautés dans le pays.

La RDC accuse le Rwanda de soutenir le M23Image : Guerchom Ndebo/AFP/Getty Images

Reagan Miviri est chercheur au sein du Groupe d’études sur le Congo, il regrette la stigmatisation dans la région des populations rwandophones :

"En ce qui concerne le Rwanda, c’est surtout le passif. Le passif entre le Congo et le Rwanda est encore lourd et vif, ce qui fait qu’il y a des personnes qui pensent qu’il y a des questions qui n’ont jamais eu de réponse. Mais il y a aussi des questions de justice qui font qu’on pense que le Rwanda n’a jamais pu payer pour tout ce qu’ils ont pu faire au Congo. Que ce soit à Kisangani, dans le Nord-Kivu ou dans le Sud-Kivu. Ensuite, il est un fait que le M23 a été soutenu par le Rwanda et aujourd’hui encore, on voit comment ce soutien se confirme. Malheureusement, on manipule l’opinion et on simplifie le narratif pour dire que le Rwanda soutient les rébellions  qui sont composées majoritairement par des personnes parlant kinyarwanda", souligne Reagan Miviri.

Mesures prises par la RDC

Un militaire congolais a été tué dans des échanges de tir à Goma le 17.06Image : Guerchom Ndebo/AFP/Getty Images

Les autorités congolaises ont ainsi décidé de combattre "la stigmatisation" et "la chasse à l'homme" dans l’est du Rwanda.

A (re)lire également : Emission spéciale sur les conflits armés dans les Kivus

On apprend également, selon des médias locaux congolais, que la RDC a décidé  aujourd’hui de fermer ses frontières avec le Rwanda. Cette décision survient alors que le pays avait déjà décidé d’annuler tous les vols de la compagnie Rwand’Air sur son territoire.

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