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La RDC accuse le Rwanda de brouillage du GPS de ses vols

Zanem Nety Zaidi | Reliou Koubakin
30 juillet 2024

Selon la RDC, ces interférences compromettraient la sécurité du transport aérien civil en RDC. Les organisations humanitaires disent connaître des difficultés.

Un avion décolle de la piste de l'aéroport de Goma (15.11.2004)
Selon Kinshasa, des attaques de brouillage et d'usurpation d'identité ("spoofing"), touchent les zones de vol" du Nord-Kivu autour de la capitale provinciale Goma, "incluant Beni, Butembo, Kibumba et KanyabayongaImage : Imago Images/V. Preußer

Dans un communiqué de presse publié le lundi 29 juillet 2024, la RDC révèle que ces interférences "dangereuses" sont observées dans les systèmes de positionnement global (GPS) des avions. 

Depuis deux semaines, le transport aérien dans le Nord-Kivu connaît d'innombrables difficultés, en raison des brouillages des systèmes de positionnement global (GPS) des avions. Cette situation a rendu difficile la réalisation des missions humanitaires dans la région, comme le révèle Claude Kalinga, chargé de communication du Programme alimentaire mondial, qui gère le Service aérien humanitaire des Nations unies (UNHAS).  

"Le Service aérien des Nations Unies a dû annuler plusieurs de ses vols vers Goma, Beni et Bunia. Il y a eu de nombreuses perturbations au niveau du GPS, ce qui a empêché les avions de fonctionner normalement. Cela a eu des conséquences sur le retard de plusieurs activités du personnel humanitaire en raison des annulations de vols".  

Le reportage à Goma de Zanem Nety Zaidi

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 Des conséquences énormes   

 Pour en savoir plus sur cette méthode de brouillage des systèmes de positionnement global (GPS), nous avons contacté Evariste Roger Kalondji, aviateur de formation et de profession, spécialiste des questions liées à l'aviation. Il nous révèle qu'il s'agit d'une technologie militaire utilisée, qui consiste à brouiller les pistes en envoyant de fausses coordonnées au terminal GPS d'un navire ou d'un avion, via un intermédiaire qui se substitue au satellite habituel. Ce qui a pour effet d'indiquer un lieu qui en est en réalité un autre. 

"Le GPS on l'utilise pour surveiller la navigation des avions, ceci pourrait connaître le brouillage grâce à l'usurpation de l'identité ou à l'espionnage. Les conséquences sont énormes car ça détériore le fonctionnement de guidage par GPS", explique Evariste Roger Kalondji sur la DW.  

Le gouvernement congolais par le biais d'un communiqué a indexé le Rwanda derrière ces perturbations et a annoncé avoir saisi l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI). Evariste Roger Kalondji pense que le gouvernement devrait aussi se procurer de technologies capables de contrecarrer ces brouillages.  

"Nous pourrons demander au gouvernement de se doter d'instruments pouvant détecter et localiser l'équipement qui brouille les ondes. Les voies légales sont aussi à encourager par exemple la saisine de l'OACI qui nous régit tous, car c'est la sécurité des gens qui est en danger."  

Impact sur les populations  

Selon la RDC, le brouillage met "en danger les missions humanitaires essentielles" dans l'est du paysImage : Trappe/Caro/picture alliance

En plus des perturbations du trafic aérien, le brouillage du GPS pourrait également avoir des impacts négatifs sur la population civile. En effet, le GPS est utilisé pour de nombreuses applications quotidiennes, telles que la navigation routière, la communication et l’agriculture. Le brouillage du signal pourrait donc priver les populations locales de ces services essentiels.  

Mohamed Massal Gueye, aérospatial entrepreneur explique dans quel contexte peut intervenir un brouillage. Il revient sur la suite de la procédure après que la RDC a saisi l’OACI.  

 

Mohamed Massal Gueye : Un exemple très pratique, il y a un une maison qui est fermée et il y a un intrus dans la maison. Qui est l'intrus et qui  a envoyé l'intrus ? On ne sait pas. Donc par mesure de prudence, il faut arrêter tout ce qui est vol, tout ce qui est décollage et atterrissage. S'il y a brouillage, l'intention peut être différente. Peut-être qu'on prépare une attaque, il y aura l'intuition que peut-être l'ennemi veut attaquer ou accéder dans une zone qui est  une zone sensible.

Par mesure de prudence s'il y a brouillage, ça arrête toutes les  activités au niveau du transport aérien ou bien au niveau de l'aviation d'une manière générale.

Donc quand un pays parle de brouillage c'est qu'il n'a pas toute la possession en fait de son ciel ? Donc il craint une attaque dans son ciel d'un ennemi.

Oui, exact. Ce sont des étapes en fait. D'abord ça commence par un brouillage. Par exemple si on veut avoir accès dans une zone ou bien à des  données sensibles parce que ce sont des bases de données qu'ils vont attaquer, c'est ton système informatique qu'ils vont attaquer.

"Personne ne prend des risques s’il y a brouillage" (Mohamed Massal Gueye)

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C'est quand même le système de l'aviation, si c'est un brouillage dans l'aviation, qui perturbe les fréquences ou bien qui perturbe tout ce qui est les trajets de communications. Donc c'est parce qu'ils sont quand même en train de vouloir attaquer ou  bien atteindre une base de données bien précis. Par exemple s'ils veulent avoir une base au niveau de l'aéroport ou bien au niveau des vols entrants et sortants, donc ils vont attaquer. Ils vont brouiller d'abord pour avoir la cible qu'ils souhaitent avoir.

 

Quelle est la conséquence directe ?

Pour les vols, il y aura une conséquence directe. Personne ne prend les risques de continuer s'il y a brouillage et s'il y a attaque. Donc ce qui fait qu'il y a cessation automatique de tout ce qui est vol, tout ce qui est atterrissage et décollage. Si l'ennemi a contrôle de tout ce qui est vol on sur ton  ciel, il peut faire tout ce qu'il veut.

 

On peut supposer que le Rwanda va démentir justement ce brouillage-là. Comment on arrive à vérifier tout ça quand on est expert de l'aviation civile comme vous ?

Bon après c'est l'OACI qui s'en charge. Eux ils vont vérifier. Mais si cela est avéré, il y aura vraiment d'énormes conséquences pour le pays qui est concerné. Cela peut aller jusqu'à des sanctions au niveau de l'OACI qui s'appliquent sur le Rwanda. Ça peut être une fermeture de certaines liaisons ou  bien même des amendes. qui seront appliquées au niveau de de ce pays-là.