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Washington annonce une trêve humanitaire en RDC

5 juillet 2024

Même si les organisations de la société civile se félicitent de cette annonce, elles restent tout de même très préoccupées par la fragilité de la situation et exigent plus des Etats-Unis.

RD Congo | L'armée en position dans la province du Nord-Kivu
Depuis fin 2021, le M23 ("Mouvement du 23 mars"), appuyé par des unités de l'armée rwandaise selon l'Onu, s'est emparé de vastes pans de territoire du Nord-Kivu, allant jusqu'à encercler la capitale provinciale, Goma.Image : Wang Guansen/Xinhua/picture alliance

Le Département d’Etat américain a annoncé qu’une trêve de deux semaines a été signée entre les rebelles du M23 et l’armée congolaise, dans l’est de la République démocratique du Congo.

Le cessez-le-feu est censé entrer en vigueur ce 5 juillet. Pour l’instant, aucune source n’a confirmé l’arrêt immédiat des hostilités dans les zones de conflit dans le Nord-Kivu, afin de permettre aux organisations humanitaires d'atteindre les zones rendues inaccessibles par les combats.

Réactions des populations

Les populations locales, épuisées par des années de violence, accueillent cette trêve avec un mélange d'espoir et de scepticisme.

Dans les villages et les camps de déplacés, les habitants veulent y croire, mais ils restent aussi prudents sur la durabilité du cessez-le-feu.

"Une trêve de deux semaines ? Pourtant, nous avons appris que le M23 est en train de se renforcer. En tout cas, nous sommes sceptiques et nous pensons que cette décision est vraiment légère", a expliqué Leopold Muisha, responsable des organisations de la société civile de Saké.

La période de cessez-le-feu intervient alors que le Rwanda se prépare pour les élections présidentielles du 15 juillet. Les relations tendues entre la RDC et le Rwanda, accusé de soutenir le M23, ajoutent une dimension politique complexe à ce cessez-le-feu.

"La situation humanitaire au Nord-Kivu est désastreuse, avec près de 3 millions de personnes déplacées internes", a souligné la Maison Blanche dans un communiqué.Image : Benjamin Kasembe/DW

Certains analystes estiment que cette trêve pourrait apaiser temporairement les tensions régionales, permettant au président rwandais de se concentrer sur les élections sans les distractions d'un conflit transfrontalier.

"C'est probable, puisque le cessez-le-feu précédent, c'était en décembre 2023 pour les élections en RDC, où il a été négocié, et pas directement avec le M23, mais avec son soutien rwandais. Cela veut dire que le Rwanda soutient ce mouvement rebelle", a estimé Dany Ayida, le représentant résident du National Democratic Institut en RDC.

La société civile du Nord Kivu demande pour sa part aux Etats-Unis de faire plus pour mettre définitivement fin au conflit dans cette partie de la RDC.

"Nous sommes vraiment surpris de voir les Etats-Unis négocier une trêve. Pourtant, ils ont le pouvoir de demander aux troupes étrangères, qui sont sur le sol congolais, de se retirer", a déclaré Leopold Muisha de la société civile de Saké.

Intérêts des Etats-Unis

Les Etats-Unis motivés par plusieurs intérêts stratégiques, ont joué un rôle clé dans la médiation de ce cessez-le-feu. Premièrement, la stabilité en RDC est cruciale pour la sécurité régionale en Afrique centrale, une priorité pour Washington.

Deuxièmement, la RDC est riche en ressources naturelles, dont le cobalt, essentiel pour les technologies vertes et les appareils électroniques. Assurer un environnement stable pour l'exploitation et le commerce de ces ressources est aussi dans l'intérêt économique des Etats-Unis, selon le représentant résident du National Democratic Institut en RDC.

"Je pense, toute proportion gardée, qu'aussi bien les Etats-Unis que les autres puissances doivent pouvoir peser dans le règlement de cette crise et de manière qu’ils puissent continuer à faire des affaires avec le gouvernement légal", a-t-il expliqué.

En plus, en soutenant des initiatives humanitaires et de paix, les Etats-Unis renforcent leur image et leur influence en Afrique, contrebalançant ainsi l'influence croissante de la Chine et de la Russie sur le continent.