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RDC: vers la fermeture de la mine de Mutanda

7 août 2019

Le géant minier Glencore a annoncé son intention de suspendre la production de Mutanda, la plus grande mine de cobalt au monde. La suspension doit avoir lieu d’ici à la fin de l’année et devrait durer 18 mois.

Neues Bergbaugesetz in der RD Kongo
Image : Getty Images/AFP/S. Tounsi

"Une telle décision va avoir des répercussions sur les ménages congolais" (Donat Kambola, Initiative Gouvernance et Droits Humains)

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La chute du cours du cobalt fait partie des raisons avancées par Glencore. En effet, la réduction de la production pourrait faire remonter le cours mondial du cobalt. Cela pourrait aussi être un moyen d'inciter le gouvernement congolais à réduire la redevance sur le cobalt fixé par le nouveau code minier.

Les employés de la mine de Mutanda, dans la province du Katanga, ont appris la nouvelle par voie de communiqué. La mine n’étant plus rentable, cette dernière va devoir être fermée. Sur place, la nouvelle a du mal à passer surtout quand on sait que ce sont des centaines de famille qui vivent et dépendent de cette mine.

Donat Kambola est le coordinateur de Initiative gouvernance et droits humains (IBGDH), une association basée à Kolwezi. Pour lui, cette décision est un moyen de faire pression sur le gouvernement congolais :

"Nous pensons qu'il est suspect que Glencore décide aujourd’hui de réduire ses activités au niveau de la mine de Mutanda. Je doute de la bonne foi de Glencore parce qu’on sait qu’une telle décision va avoir des répercussions sur les ménages congolais. Peut-être que le gouvernement pourrait alors céder aux attentes de Glencore, ce qui serait malhonnête."

Moyen de pression politique ou juste d’influence sur le cours mondial du cobalt ?

Avant l’annonce de Glencore le mardi 6 août, le cours de la tonne de cobalt était à 27.000 dollars. Depuis l’annonce concernant la fermeture de la mine de Mutanda, le cours a sensiblement augmenté. Andy Leyland est responsable du département prévision et conseil chez Benchmark Mineral Intelligence en Angleterre. Selon lui, cette annonce influence les cours mondiaux du marché du cobalt et représente aussi un moyen de pression sur le gouvernement congolais :

"La première des choses est d’avoir une influence sur le cours du cobalt qui semble être assez faible et rend actuellement les activités autour du cobalt très peu rentables. C’est aussi une manière de faire pression sur les autorités congolaises. Il existe des tensions permanentes entre le gouvernement congolais et les entreprises minières en matière de stabilité au niveau des taxes."

Image : Lena Mucha

Kinshasa prend acte 

Ce n’est pas la première fois que le groupe anglo-suisse fait ce genre d’annonce.

Selon Valery Mukasa, le directeur de cabinet du ministre des Mines, cette décision aura un impact sur le budget de l’année en cours :

"Nous avons été informés par Glencore il y a plus ou moins deux semaines. Ils vont interrompre leur production pour environ dix-huit mois. Cette décision a un impact sur le budget tout naturellement. Ce n’est pas la première fois que cela arrive. En 2015, ils ont arrêté la mine de Kamoto. En 2018 ils ont arrêté la vente de cobalt de la mine de KCC (Kamoto) parce qu’ils disaient qu’il y avait la présence d’uranium. Ensuite ils ont repris. Aujourd’hui, ils avancent des arguments techniques qui sont compréhensibles et nous en prenons bonne note."

Image : Amnesty International/Afrewatch

La question est donc de savoir si Glencore parviendra à réduire la redevance sur les revenus tirés du cobalt, établie par le nouveau code minier, de 10% à 3,5%, comme le réclament les entreprises minières.

Mais il faudra avant cela sortir de l’incertitude politique actuelle, le ministère des Mines n’étant qu’un ministère de transition, en attendant la formation du nouveau gouvernement en RDC.