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En RDC, le viol prend de l’ampleur dans l'est du pays

19 mai 2023

Les femmes qui vivent dans les camps de déplacés sont des victimes faciles dans une région où les hommes en armes, militaires ou miliciens, sont nombreux.

Kongo I Kanyaruchinya Lager für Binnenvertriebene
L'immense majorité des victimes de viol sont des femmes et plus de la moitié d'entre elles racontent avoir été agressées par des hommes armés. Cela se passe la plupart du temps "lors de leurs déplacements hors des sites de déplacés.Image : Guerchom Ndebo/AFP

Elles sont plus de 670 femmes réfugiées dans les camps de déplacés environnant la ville de Goma qui disent avoir été victimes de viols, selon l’ONG Médecins Sans Frontières.

Les faits se répètent souvent quasiment à l’identique : les femmes affirment qu’elles ont été violées par des hommes en tenue militaire alors qu’elles se rendaient à l’extérieur du camp pour collecter du bois de chauffage.

Des témoignages glaçants

L’une des femmes raconte le calvaire qu’elle a dû endurer : "Je me rendais aux champs quand j’ai croisé des hommes que je ne connaissais pas, ils étaient habillés à moitié en civil, à moitié en militaire. Mes compagnes ont pris la fuite mais moi je n’ai pas réussi à leur échapper. Ils m’ont attrapé et m’ont fait ce qu’ils ont voulu. Après quelques jours, je me suis retrouvée enceinte, de qui je ne sais pas. Je ne veux pas avorter, j’ai eu peur de mourir."

La peur et la crainte de l’entourage empêchent certaines victimes de parler de leurs cas. Ces femmes préfèrent ne pas déclarer avoir été violées par peur du rejet social et d’être abandonnées par leurs maris.

Plus de 600.000 personnes vivent entassées dans des conditions "désastreuses" dans des camps informels autour de Goma.Image : Guerchom Ndebo/AFP

Une autre victime témoigne de cette stigmatisation : "Je me rendais aux champs et j’ai croisé deux hommes qui m’ont violée dans la brousse. Mon mari m’a quitté aussitôt après que je lui ai annoncé que je venais de me faire violer. Je ne sais pas où il est allé. Il y a de cela trois mois. Depuis lors, je ne fais que mendier pour nourrir mes enfants."

Une prise en charge limitée

Le personnel de santé sexuelle et reproductive dans le camp des déplacés de Bulengo déplore cette situation qui prend de l’ampleur et laisse de graves séquelles dans les vies des victimes.

Une situation dramatique face à laquelle les autorités sanitaires congolaises semblent à court de moyens.

"Le viol prend de l’ampleur dans le camp de Bulengo. De nombreuses femmes attrapent des infections sexuellement transmissibles et d’autres des grossesses non désirées. Avec le ministère de la Santé, nous répondons selon nos capacités. Jusqu’ici, l’aide sanitaire que nous apportons à ces femmes n’est pas suffisante parce que nombre d’entre elles ne sont même pas informées de notre aide. Mais aussi parce que notre stock de médicaments ne peut pas prendre en charge toutes les victimes", a expliqué Mwami Ndamia Mushesha Dubois, gynécologue affecté au camp des déplacés de Bulengo.

Le phénomène est en effet effrayant. Plus de 670 cas de violences sexuelles ont été enregistrés dans les camps de déplacés de Bulengo, Lushagala, Eloime, Munigi, Rusayo et Kanyaruchinya en l’espace de seulement deux semaines.

Ces statistiques ont été révélées par Médecins Sans Frontières au début de ce mois de mai et elles sont sans doute largement sous-estimées, puisqu’une importante partie de des femmes victimes de viol préfère ne pas avouer ce qui leur est arrivé.