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Le retour de rebelles tchadiens ne fait pas l'unanimité

Blaise Dariustone
29 août 2022

À la faveur de la signature d’un accord de paix, plusieurs dirigeants rebelles sont rentrés à N’Djamena pour participer au dialogue national inclusif.

Le président de la Transition, Mahamat Déby Itno, à l'ouverture du dialogue national inclusif le 20 août.
Le président de la Transition, Mahamat Idriss Déby, à l'ouverture du dialogue national inclusif le 20 août. Image : Aurelie Bazzara-Kibangula/AFP/Getty Images

Parmi ces dirigeants rebelles revenus au Tchad, il y a Timane Erdimi de l’UFR et le général Mahamat Noudi de l’UFDD qui avait tenté à plusieurs reprises entre 2006 et 2019 de renverser le régime du défunt présidentIdriss Deby Itno.

Au cours des différentes incursions de ces mouvements rebelles, des milliers de Tchadiens avaient perdu la vie. "Je pense que ce sont les victimes les perdants de cette triste histoire. Je ne peux plus voir mon fils mais eux ils viennent de retrouver leurs enfants. C'est injuste", raconte Enock, qui a perdu son fils de 17 ans lors des affrontements entre les forces gouvernementales et les rebelles de l’UFR début 2008. 

Ancien compagnon d'armes de Hissène Habré, Mahamat Nouri avait rejoint plus tard Déby, dont il sera ministre de la Défense, avant de faire défection. Image : Aurelie Bazzara-Kibangula/AFP/Getty Images

Isabelle qui a aussi perdu sa mère à l’époque alors qu’elle n’avait que 12 ans se dit sidérée par l’accueil triomphal réservé à ces chefs rebelles. 
 

"Si eux ils ont été payés pour venir à ce dialogue, pourquoi ne pas indemniser maintenant les victimes ? C'est frustrant de voir que les criminels se présentent aujourd'hui comme des héros sans inquiétude", déplore-t-elle.  

 

Une "réconciliation de façade" 

Pour Mouldjidé Ngarynguem, membre du comité de suivi de l’appel à la paix et à la réconciliation (CSAPR), au-délà des assises du dialogue national inclusif censées permettre le retour à l'ordre constitutionnel, les Tchadiens doivent s'asseoir pour se parler en toute sincérité et objectivité afin de d’aller vers une réconciliation au sein de la population. 

 

En février 2019, le mouvement de Timan Erdimi a lancé une offensive sur N'Djamena depuis le Soudan.Image : Aurelie Bazzara-Kibangula/AFP/Getty Images

"Le retour des rebelles qui ont tué des Tchadiens et qui sont accueillis triomphalement, je pense que c'est assez blessant pour les victimes. Mais si on s'engage dans une logique de réconciliation nationale, il va falloir que les gens se parlent. Il faut mettre en place tout un programme à l'instar de ce qui se passe ailleurs pour que les Tchadiens puissent se pardonner, que les uns et les autres reconnaissent leur responsabilité. On ne peut pas passer en perte et profit, la vie des milliers des Tchadiens et penser qu'on peut se réconcilier de cette façon. C'est une réconciliation de façade", explique Mouldjidé Ngarynguem. 

Au Tchad, la rébellion est perçue comme un fonds de commerce politique. Des milliards de francs CFA des contribuables tchadiens qui vivent dans une pauvreté extrême sont régulièrement mobilisés pour négocier des accords de paix éphémères entre le pouvoir et les politico-militaires. 

Cliquez sur l'image ci-dessous pour écouter l'audio. 

Le retour des rebelles ne fait pas l'unanimité

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Blaise Dariustone Correspondant au Tchad pour le programme francophone de la Deutsche Welledw_francais