Regain de violence en Tunisie : les salafistes accusés
13 juin 2012Postes de polices attaqués, tribunal incendié, sièges de partis politiques vandalisés, magasins pillés... Il y a longtemps que la Tunisie n'avait pas connu ce genre d'incidents. Des incidents que les autorités tunisiennes attribuent surtout aux salafistes mécontents d'une exposition d'œuvres d'art contemporain qu'ils jugent insultante pour l'islam. Les organisateurs de cette exposition, que nous avons joints, n'ont pas voulu s'exprimer sur ces évènements. Par contre, pour Zoubir Yahia, spécialiste de l'Afrique du Nord, cette exposition n'est qu'un pretexte pour les salafistes :
« Les salafistes exploitent toujours des détails. Que ce soit pour un film ou une réprésentation théâtrale. C'est un extrémisme qui est généralement le résultat d'autres frustrations et dans le cas de la Tunisie, il y a des difficultés économiques en ce moment. Et les salafistes en profitent pour faire pression sur le gouvernement et pour exiger des choses qui leur sont propres. »
Les gardiens de prison mobilisés
À la suite des affrontements qui ont opposé la police aux manifestants salafistes, un jeune homme de 22 ans a été tué, soixante-cinq policiers blessés et plus de 162 personnes arrêtées. Les autorités tunisiennes ont par ailleurs décrété un couvre-feu dans la capitale Tunis, à Sousse, Monastir, Jendouba et Medenine. Le gouvernement a également annoncé la mobilisation des gardiens de prison pour protéger les tribunaux à travers le pays. Des gardiens qui ont reçu l'ordre d'utiliser tous les moyens, y compris les tirs à balle réelle, pour faire face à d' éventuelles attaques. Zoubir Yahia :
« Je sais de la part de monsieur Rached Ghannouchi [le chef du parti islamiste Ennahda, NDLR] que j'ai rencontré récemment en Tunisie, qu'il est opposé à ce genre de violences. Le gouvernement et l'armée ne vont pas tolérer ce genres de choses de la part des salafistes. Historiquement, la Tunisie est un pays qui ne supporte pas les mouvements radicaux. »
Les autorités tunisiennes ont donc dénoncé les "groupes extrémistes qui menacent les libertés" mais ont aussi condamné "l'atteinte au sacré", en référence à cette exposition qui a suscité ce regain de violences, les plus graves depuis la chute de Ben Ali en janvier 2011.
Auteur : Georges Ibrahim Tounkara
Édition : Sébastien Martineau