1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Allemagne : le putsch qui avait peu de chance d'aboutir

8 décembre 2022

L'enquête se poursuit après l'opération qui a permis de déjouer les plans d'un groupuscule complotiste qui voulait renverser les institutions démocratiques.

Des forces de sécurité en opération
Razzia des forces de sécurité à KarlsruheImage : Uli Deck/dpa/picture alliance

25 personnes ont été arrêtées, dont d'anciens soldats et un ancien membre du Bundestag. Selon les autorités allemandes, les "Reichsbürger" tenaient depuis novembre 2021 des réunions secrètes, certaines avec entraînement au tir, et élaborait des plans pour un coup d'Etat. L'objectif était d'abolir par la force l'ordre constitutionnel et de le remplacer par une autre forme de gouvernement. 

Une démocratie solide

Une forte mobilisation des forces de défense et de sécurité pour une opération de grande envergure avec plus d’une vingtaine de personnes arrêtées aussi bien en Allemagne qu’en Autriche et en Italie : autant d’éléments qui montrent à quel point la tentative de déstabilisation des "Reichsbürger" est prise au sérieux. 

Cette tentative pourrait faire penser qu’une attaque comme celle du Capitole de Washington, le 6 janvier 2021, serait possible en Allemagne. Une attaque similaire, mais avortée, a d’ailleurs eu lieu, fin août, lorsque des manifestants antivaccins ont essayé de pénétrer dans le Parlement. 

Les parlementaires lors d'une session au BundestagImage : Kay Nietfeld/dpa/picture alliance

Malgré tout, Timo Reinfrank le directeur général de la Fondation Amadeu Antonio, qui vise à renforcer la société civile contre l'extrémisme de droite, estime qu’"un vrai coup d'Etat peut difficilement réussir en Allemagne" car l'ordre étatique et la Constitution sont trop solides dans le pays. 

L’Allemagne est en effet une démocratie parlementaire et fédérale. Les membres du Bundestag sont élus directement par les électrices et les électeurs avec pour mission de légiférer et de contrôler le travail du gouvernement. Par ailleurs, outre le gouvernement central, chaque région a son propre gouvernement... difficile donc de faire un coup d'Etat. 

Des complicités

Toutefois, les actions des Reichsbürger et les complicités au sein de l’armée inquiètent. Dans un rapport de juin 2022, les services secrets ont dénombré quelques 21.000 membres de ce groupuscule d’extrême-droite

Encore plus inquiétant, le fort potentiel de violence de ses membres : "Environ 500 personnes au moins ont encore un permis d'armes à feu", prévient l'Office fédéral de protection de la Constitution. 

Interpellation du prince Heinrich XIII durant l'opération des forces de sécurité.Image : Boris Roessler/picture alliance/dpa

Les Reichsbürger rejettent la République fédérale d'Allemagne et ses structures démocratiques. Certains d'entre eux souhaitent le rétablissement d'un empire allemand ou croient que les Alliés de la Seconde Guerre mondiale, qui ont vaincu l'Allemagne nazie en 1945, gouvernent toujours en secret. 

Parmi les différents groupuscules on distingue : les souverainistes, les auto-gouverneurs, les citoyens du Reich et les extrémistes de droite. Les frontières entre ces groupuscules restent toutefois poreuses. 

Les groupes ont différents niveaux de violence mais ils partagent tous la conviction que l'Allemagne n'est pas un Etat souverain. Et leurs actions tendent de plus en plus à être violentes. Des partisans des Reichsbürger ont d’ailleurs déjà été interpelés dans des affaires de meurtre ou de tentative de meurtre.  

Les membres de cette organisation ne choisiraient aussi pas leur cible de manière arbitraire. "Ils veulent attaquer spécifiquement l'ordre fondamental de l'Etat, comme les élus locaux", ajoute l'Office fédéral de protection de la Constitution. 

Les protestations contre les restrictions sanitaires durant la pandémie de Covid-19 auraient par ailleurs radicalisé davantage les Reichsbürger et amené de nouveaux partisans à adhérer à leur organisation.