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Reprise du procès de William Ruto à la CPI

Katrin Matthaei / Philippe Pognan17 septembre 2013

Le procès du vice-président kényan avait débuté la semaine dernière devant la Cour pénale internationale à la Haye. Le premier témoin à charge étant absent, la Cour avait décidé d'un report. L'audience a repris ce mardi.

William Ruto (à g.) encourt une lourde peine s'il est reconnu coupableImage : Michael Kooren/AFP/Getty Images

Le premier témoin, un présumé rescapé d'un incendie criminel contre une église, a donc été entendu ce mardi 17 septembre. Le vice-président William Ruto, accusé de crime contre l'humanité pour son rôle présumé dans les violences postélectorales de fin 2007 au Kenya, plaide non coupable. Il est le premier homme d'État en exercice à comparaître devant la CPI.

La procureur en chef Fatou BensoudaImage : Reuters

Des voix critiques se sont fait entendre après ce départ retardé de la procédure, reprochant aux magistrats en charge du dossier de ne pas être suffisamment préparés. Certains estiment que la CPI met ainsi en jeu le droit des victimes à ce que justice soit rendue le mieux possible.

Gacheke Gachihi, militant kényan des droits de l'Homme, décrit le sentiment de nombreux compatriotes face à la procédure engagée à La Haye :

« Les membres de l’opposition ont peur. Ils pensent que la Cour cède peu à peu aux pressions exercées par le gouvernement kényan. Et les victimes ont peu d'espoir que justice soit faite. »

De premiers doutes quant à un bon déroulement du procès à La Haye étaient déjà apparus en mars dernier lorsque la procureur en chef Fatou Bensouda avait dû retirer les accusations à l'encontre d'un autre suspect. Les raisons : des témoins potentiels étaient morts entre-temps ou trop terrorisés pour répéter leur témoignage devant le tribunal. La semaine dernière aussi, avant l'ouverture du procès contre William Ruto, deux autres témoins importants avaient fait défaut au dernier moment.

Le président Uhuru Kenyatta et son vice-président William Ruto (en mars 2013)Image : picture alliance/dpa

Pour Kai Ambos, juge et spécialiste du droit international de l'Université de Göttingen en Allemagne, il n'est pas inhabituel que des témoins qui se sentent menacés fassent faux bond. Mais on ne peut en rendre la Cour responsable. Malgré tout, il est persuadé que le procès contre William Ruto sera mené correctement :

« Dans un cas comme le Kenya : qui aurait pensé il y a 10 ans qu'un président en poste qui dispose du pouvoir absolu dans son pays comme Uhuru Kenyatta et que son vice-président William Ruto comparaissent en justice ? C'est une avancée formidable. Peut-être seront-ils acquittés... mais ce qui importe, c'est qu'ils doivent s'expliquer devant le tribunal. »

Et comme d'autres juristes, Kai Ambos juge infondées les critiques du parlement kényan ou même de l'Union africaine qui qualifient la CPI d'instrument néo-colonialiste. Cependant il estime lui aussi que la CPI devrait s'occuper également d'autres dossiers en dehors de l'Afrique, comme par exemple en Syrie.

Il est prévu que le vice-président kényan, qui comparaît en homme libre, reste à La Haye jusqu'au 4 octobre, à moins que d'autres témoins ne fassent défaut ou que de nouveaux soient cités.

Quant au président kényan, Uhuru Kenyatta, lui aussi accusé de crimes contre l'humanité, il doit comparaître devant la Cour pénale internationale à partir du 12 novembre prochain.

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