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Ce que le Gabon attend de la Côte d'Ivoire

16 avril 2024

Le général Brice Oligui Nguema était à Abidjan où il a rencontré Alassane Ouattara. Le journaliste et écrivain, Jocksy Ondo, décrypte ici cette visite.

Brice Oligui Nguema et Alassane Ouattara le 11 avril à Abidjan
Le Gabon veut compter sur la Côte d'Ivoire pour retrouver sa place sur la scène africaineImage : ISSOUF SANOGO/AFP

Le général Brice Oligui Nguema a achevé samedi (13.04.2024), sa première visite en tant que chef de la transition gabonaise à Abidjan.

Il y a été notamment reçu par le président ivoirien, Alassane Ouattara, qui a qualifié leurs échanges de "fructueux". 

De son côté, Libreville attend de la Côte d'Ivoire qu'elle l'aide à plaider auprès de l'Union africaine en faveur de la levée des sanctions. L'UA a suspendu le Gabon de ces instances depuis septembre 2023, suite au renversement du président Ali Bongo par les militaires.

Que retenir de cette visite ? Eléments de réponses avec Jocksy Ondo-Louemba, journaliste et écrivain gabonais basé en France. 

Interview 

DW : Que retenez-vous de cette visite à Abidjan ?

Jocksy Ondo-Louemba : Monsieur Alassane Ouattara, président de la Côte d'Ivoire, est un soutien de poids. D'autant plus que certes, Monsieur Ouattara avait d'excellentes relations avec Monsieur Ali Bongo, mais Monsieur Ouattara a des liens tout aussi étroits, sinon plus étroits, avec d'autres Gabonais, avec Monsieur Alexandre Barro Chambrier qui est le vice Premier ministre du gouvernement de Raymond Ndong Sima, qui est le gouvernement de transition actuel. Donc Monsieur Alassane Ouattara connaît le Gabon et il y a juste une lecture politique lucide du président de la République de Côte d'Ivoire.

DW : Alors à Abidjan, le président de la transition du Gabon a plaidé pour une levée des sanctions de l'Union africaine. Que peut attendre le Gabon concrètement de l'Etat ivoirien ?

"Le soutien du président ivoirien peut être déterminant" (Jocksy Ondo-Louemba)

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Jocksy Ondo-Louemba : Personnellement, je n'en attends rien. Mais il ne faut pas oublier que le président Alassane Ouattara est un chef d'Etat qui est à la tête d'un pays très puissant, la Côte d'Ivoire, et qu'économiquement, politiquement et même culturellement, c'est une puissance régionale et de plus en plus à vocation africaine. Donc, le soutien du président de la Côte d'Ivoire peut être déterminant pour la levée des sanctions de l'Union africaine qui, à mon sens, reste quand même plus quelque chose de politique, donc de symbolique, que de quelque chose d'effectivement économique. Je pense que là, oui, de ce point de vue là, ce soutien va être déterminant.

DW : Le général Oligui Nguema a remercié le président ivoirien pour le retour de ses frères d'armes et de leurs pays au sein de la Cédéao. Qu'avez vous compris de cette déclaration ?

Jocksy Ondo-Louemba : Il n'y a pas de lien à proprement parler entre ces chefs d'Etat d'Afrique de l'Ouest et Monsieur Oligui Nguema. La seule comparaison qu'on pourrait faire, c'est entre lui et le général Tiani du Niger, les deux ayant été à la tête de garde prétorienne et les deux ayant pris le pouvoir. Je pense que même les orientations politiques etc, que les deux prennent, c'est totalement antinomique. On peut imaginer un petit lien avec le président de la Guinée Conakry, mais là encore, en dehors d'un passage à Libreville de ce chef d'Etat lorsqu'il était encore dans l'armée guinéenne, on ne peut pas trouver grand chose.

DW : Le dialogue national et inclusif a commencé au début du mois au Gabon. Qu'en attendez vous ?

Jocksy Ondo-Louemba : Je n'attends rien de ce dialogue parce que ce dialogue n'a qu'un seul objectif :  donner un peu plus de légitimité politique à quelqu'un qui a quand même pris le pouvoir à l'issue d'un coup d'Etat. Les Gabonais n'ont jamais mandaté ce monsieur et pour quelqu'un qui est venu libérer le peuple, je pense qu'il ne l'écoute pas suffisamment.