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Retour au calme à N'Djamena après une journée meurtrière

Blaise Dariustone | Kossivi Tiassou
21 octobre 2022

Le calme est revenu à N'Djamena. Les activités ont repris mais la tristesse et l’inquiétude se lisent toujours sur les visages d’après notre correspondant.

Tschad N'djamena | Straßenszene
Des nuages de fumée noire n‘étaient plus visibles à Ndjamena ce vendredi matin, de même que les tirs de gaz lacrymogène qui se faisaient régulièrement entendre hier.Image : Djimet Wiche/AFP

Le bilan est très lourd : une cinquantaine de morts selon le Premier ministre. Les activités des partis d'opposition ont été suspendues et un couvre-feu instauré.

Des manifestations jeudi (20.10.2022) contre la prolongation de la transition de deux ans et le maintien au pouvoir de Mahamat Idriss Déby Itno, ont entraîné un déchaînement de violences pendant plusieurs heures.

La plupart des manifestations se sont déroulées dans différentes villes, notamment à N'Djamena, la capitale et à Moundou, la deuxième ville du pays.

Des appels à manifester avaient été lancés depuis le début de la semaine, notamment par la plateforme d'opposition Wakit Tamma et le parti Les Transformateurs, dirigé par Succès Masra.Image : Hyacinthe Ndolenodji/REUTERS

Ce vendredi matin (21.10.2022), le calme est revenu selon notre correspondant Blaise Dariustone, joint par téléphone. Lire son entretien.

DW : Quelle est la situation ce matin (07H30 TU) ?

Blaise Dariustone : Ce matin, c'est un calme qui règne. La circulation a repris normalement. Les boutiques et les commerces sont ouverts également. Les écoles ont repris, les enfants sont en train de se rendre à l'école.

Il y a des citoyens qui se rendent au boulot. Donc en ce moment, c'est le calme. Mais, on note une présence massive des éléments des forces de l'ordre et des militaires partout, notamment aux ronds-points. Il y en a qui sillonnent aussi les rues de N’Djamena. Donc, c'est ça, l'ambiance en ce moment dans la ville de N’Djamena.

DW : Et déjà, on faisait état d'une cinquantaine de morts hier. Est-ce que ce bilan, déjà très lourd, a évolué ?

Blaise Dariustone : Le bilan n'a pas du tout évolué et on est à 54 morts, selon Wakkit Tama, l'un des initiateurs de cette marche. 1315 blessés et 300 arrestations à N’Djamena et dans les autres villes du pays, à savoir Kumba, Moundou, Doba et Abéché. Les hôpitaux sont débordés depuis hier de blessés qui sont abandonnés à leur triste sort. Faute donc de médecins qui n'ont pas pu se rendre dans les hôpitaux hier.

Des manifestations, parmi les plus meurtrières de l'histoire au Tchad se sont déroulées dans différentes villes, notamment à N'Djamena, la capitale et à Moundou, la deuxième ville du pays.Image : Hyacinthe Ndolenodji/REUTERS

DW : Est-ce que le gouvernement est revenu sur ce bilan et notamment sur les événements d’hier ?

Blaise Dariustone : Le gouvernement, par la voix du Premier ministre Saleh Kebzabo, a annoncé hier qu'il ne s'agissait pas d'une manifestation pacifique mais d'une insurrection et que les initiateurs seront tenus pour responsables. Saleh Kebzabo disait que certains manifestants étaient munis d'armes à feu, de flèches etc...

Et donc il a annoncé à cet effet la suspension des activités publiques des partis politiques tels que Les Transformateurs de Succès Masra ou encore le Parti socialiste sans frontières de Yaya Dillo. Mais également, l'instauration d'un couvre-feu qui a commencé depuis hier à 18h à N'Djamena, Moundou, Doba et Sarh. Des décisions donc jugées liberticides par l'opposition qui accuse Saleh Kebzabo de chercher à prendre sa revanche sur les opposants qui ont refusé de soutenir la transition militaire comme lui.

DW : Et Blaise Dariustone, il faut noter aussi que les sièges de certains partis politiques ont été saccagés par les manifestants, notamment celui du Premier ministre Saleh Kebzabo. Lui qui, jusqu'à sa nomination il y a quelques jours, était l'un des opposants historiques au Tchad.

Blaise Dariustone : Oui c’est le cas et les communications sont perturbées et je crois que les initiateurs de cette marche sont actuellement recherchés. Donc tout le monde se cache en ce moment. Mais au sujet de Saleh Kebzabo, c’est de l'incompréhension pour tous les Tchadiens. Et je pense que c’est ce qui justifierait le saccage de son parti et celui de l'ancien Premier ministre Mr Pahimi Padacke Albert hier par des manifestants.