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Des déplacés congolais de retour au Nord-Kivu

Pascal Mapenzi
12 juillet 2024

Après la trève annoncée, même très fragile, jusqu'à 100.000 personnes seraient rentrées dans plusieurs villages du territoire de Rutshuru et du sud de Lubero.

Une femme tient sa tête entre ses mains dans un camp de réfugiés à Goma en mai 2024
Face aux mauvaises conditions de vie et malgré une trève très fragile, de nombreuses personnes réfugiées préfèrent rentrer chez ellesImage : Moses Sawasawa/AP Photo/picture alliance

Même si des combats auraient repris ce vendredi 12 juillet au Nord Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo, un mouvement de retour des déplacés internes est signalé dans des villages du territoire de Rutshuru et du sud de Lubero. Il intervient après la trêve humanitaire négociée, grâce à l'intervention des Etats-Unis, entre l'armée congolaise et les rebelles du M23. Elle avait été annoncée le 5 juillet et était supposée tenir jusqu'au 19 juillet.

Les estimations avancent le chiffre de 100.000 personnes qui seraient rentrées chez elles, dans le territoire de Rutshuru et au sud de Lubero, des zones occupées par la rébellion du M23. Une rébellion qui avait le contrôle des villes de Kanyabayonga et Kirumba, au sud du territoire de Lubero, voisin du territoire de Rutshuru, dans la province du Nord-Kivu. Avec la trêve signée le 5 juillet, le trafic routier entre Kanyabayonga et Rutshuru a été rouvert aux populations. De nombreux déplacés ayant fui les combats à Rutshuru, et qui vivaient à Kanyabayonga, Kaina et à Kirumba, ont ainsi décidé de retourner chez eux.

Mauvaises conditions de vie à Kaina

"Je n'ai pas résisté aux mauvaises conditions de vie à Kaina et je rentre chez moi à Buhundu", raconte, au micro de la DW, Dézila Kavugho, de retour dans le territoire de Rutshuru. "Je suis obligée de rentrer chez moi, même si je sais que la sécurité n'y est pas encore restaurée." Les mauvaises conditions de vie à Kaina ont aussi poussé Consolé Kanyere à rentrer chez elle. Cette femme originaire de Kanyabanyonga, la ville tombée entre les mains du M23 fin juin, raconte le calvaire pour se nourrir, trouver à boire ou pour dormir. "Pour tout il fallait payer", raconte-elle.

Destins brisés par la guerre en RDC

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L'ONU sur place

Le représentant spécial adjoint du secrétaire général des Nations unies et coordonnateur humanitaire en RDC vient d'effectuer une visite dans l'est de la RDC. Au Nord-Kivu, il s'est rendu à Beni, puis à Goma. "La situation humanitaire est très grave en RDC, elle est dramatique, c'est la crise humanitaire la plus prolongée au monde, elle date de plus de 30 ans", a répété, une nouvelle fois, Bruno Lemarquis. "Les humanitaires font tout pour appuyer les personnes déplacées, mais la meilleure façon d'avoir une bonne réponse humanitaire, c'est d'avoir des résultats sur des solutions politiques pour que certains des conflits s'arrêtent", insiste-t-il, appelant à travailler sur  les causes des conflits et notamment les questions du foncier et de l'exploitation des ressources naturelles.

La Monusco toujours présente

La situation sécuritaire et humanitaire se détériore au Nord-Kivu alors que la Monusco, la mission militaire de l'Onu, est engagée dans un processus de retrait de la RDC. Mais le gouvernement congolais ne veut pas précipiter ce départ dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri, où les combats sont encore violents entre l'armée congolaise et les groupes armés. Dans un briefing à la presse, le 8 juillet dernier, la ministre des Affaires étrangères a déclaré que, pour ces deux provinces, le gouvernement va prendre en compte l'évolution de la situation sur le terrain, estimant que la présence de la Monusco était encore importante pour son appui logistique dans la guerre contre le M23.