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Revoir la lutte antiterroriste au Sahel

Rodrigue Guézodjè | Avec agences
6 novembre 2019

Après la mort du terroriste al Maghrebi (alias Ali Maychou) tué au Mali, les attaques continuent. Faut-il revoir la stratégie au Sahel?

Mali Französisches Militär
Image : picture-alliance/dpa/N. Bothma

' Il faut investir dans le social pour contrer le terrorisme' - MP3-Stereo

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Sa mort remonte, selon la ministre française des Armées, Florence Parly, à la nuit du 8 au 9 octobre mais elle n'a été annoncée que le mardi 5 novembre. Marocain, connu sous le pseudonyme Ali Maychou, il avait rejoint Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) en 2012 et était, selon la ministre des Armées française encore, "le deuxième terroriste le plus recherché au Sahel - y compris par les Américains". Le djihadiste aurait été tué sur le sol malien, en coordination avec les forces maliennes et un soutien américain. 

Son groupe responsable des dernières attaques

Abou Abderahman al Maghrebi était devenu le leader spirituel d‘Al-Qaïda au Maghreb islamique avant de participer à la fondation du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM) en 2017 avec Iyad ag Ghali, le numéro un de l'organisation dont il était le plus proche fidèle. 

Les actions du GSIM

Le GSIM a revendiqué non seulement les attaques récentes fin septembre et début octobre contre les forces maliennes à Boulkessy et Mondoro avec 40 militaires tués, mais aussi l'attentat de Ouagadougou de mars 2018 qui avait fait 8 morts, ceux de 2016 qui avaient fait 30 morts et ceux 2017 où 19 personnes avaient été tuées.

Le GSIM est lui même une fusion de plusieurs autres groupes actifs dans la région.

Cerveau de l'expansion d'Al Qaïda au Sahel, artisan de l'unité des katibas du sud au sein du GSIM, Ali Maychou est le deuxième personnage d'importance du GSIM tué cette année, après la mort de l'Algérien Djamel Okacha, alias Yahya Abou El Hamame en février. "Il s'agit de la neutralisation d'un personnage très influent", a déclaré Florence Parly, au lendemain de sa visite au Burkina Faso, où elle a rencontré des forces spéciales françaises. 

Quelques 4500 soldats français sont déployés au Sahel dans la cadre de l'opération BarkhaneImage : picture-alliance/AP Photo

Quel impact pour la région ?

Pour Djallil Lounnas, expert des groupes djihadistes au Sahara à l'Université Al Akhawayn au Maroc et auteur du livre "Le djihad en Afrique du Nord et au Sahel", la mort de cette figure du djihadisme est un coup dur porté au Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM) dont il était le numéro deux : "C’est un important leader mais pas le plus influent ou important de l’organisation qui vient d’être tué. Il a coordonné des Katibas dans le centre du Mali et était monté en grade depuis l’élimination de plusieurs autres chefs. C’est un coup dur porté au GSIM."

La neutralisation d’Ali Maychou ne devrait cependant pas avoir d’impact sur la situation sécuritaire au Mali et dans le reste du Sahel, selon le chercheur Djallil Lounnas : "Depuis le début de l’intervention française en 2012, une dizaine de chefs djihadistes ont été tués ou capturés mais de nouveaux ont à chaque fois émergé. La mort d’Abou Abderahman al Maghrebi, est symboliquement un coup dur mais cela n’aura pas d’impacts sur son organisation. On le voit bien, les attaques se poursuivent et sont mêmes devenues plus violentes."

Investir dans le social pour contrer le djihadisme 

A Bamako, où elle a annoncé la mort du terroriste marocain, la ministre française des Armées a fait une autre annonce : l’envoi de forces spéciales européennes dans la région. Mais le journaliste Paul Mben ne croit pas à toutes ces solutions militaires. Pour lui il faut plutôt s’attaquer aux problèmes sociaux qui affectent la région. Il dit surtout s’inquiéter de la situation des jeunes sans-emplois devenus des proies faciles pour les djihadistes qui les recrutent.

"Quand on attaque un camp de l’armée, ce sont des terroristes nationaux, des jeunes nationaux qui mènent ces attaques. Ils ont à leur tête des chefs terroristes algériens ou mauritaniens. Ce sont des jeunes sans repères ni perspectives. On les recrute surtout dans les mosquées. Un jeune qui n’a pas d’emplois, qui ne gagne pas ne serait-ce que 50 000 francs CFA par mois, devient une proie facile pour les djihadistes qui lui font toutes sortes de belles promesses", estime Paul Mben.

Plusieurs experts, dont Djallil Lounnas aussi, le répètent : la réponse à la guerre dans le Sahel passe par la résolution des problèmes sociaux qui minent cette région.