De riches Nigérians investissent dans le football européen
5 mai 2023Kunle Soname est le premier homme d'affaires nigérian à avoir investi dans le football européen. Déjà propriétaire des Remo Stars au Nigéria, le politicien, qui a fait fortune grâce aux paris sportifs, est devenu en 2015 propriétaire à 70% du CD Feirense, club portugais de deuxième division. Depuis, plusieurs businessmen nigérians ont suivi ses traces.
Une passerelle en Europe
En mars dernier, l’entrepreneur Shola Akinlade, qui a fondé dans son pays natal le Sporting Lagos en 2020, est devenu l’actionnaire majoritaire du Aarhus Fremad, club danois de deuxième division.
Pour le millionnaire, il n’est pas question que de gagner de l’argent. Il souhaite aussi, via le club danois, faire rentrer en Europe de jeunes joueurs africains talentueux.
"Nous voulons offrir une porte d’entrée aux meilleurs joueurs et aux meilleurs talents d’Afrique. Je pense que le football est une question d'opportunités, et nous sommes très enthousiastes à l'idée de pouvoir offrir aux meilleurs talents la possibilité de se déplacer en Europe", estime Akinlade.
Une idée intéressante selon Adedamilola Adedotun, expert en économie du sport basé à Lagos. Au micro de la DW, il déclare que ces millionnaires ont compris qu’il était "nécessaire d'établir une forme de partenariat stratégique avec les clubs européens" pour faire progresser les talents nigérians.
Mais le choix d’investir à l’étranger n’est pas toujours bien vu au Nigéria, surtout lorsque les investisseurs refusent par ailleurs de mettre de l’argent dans le football local. C’est notamment le cas de Aliko Dangote. L’homme le plus riche d’Afrique cherche actuellement à reprendre intégralement le club de Valenciennes, pensionnaire de deuxième division française. Ses proches évoquent aussi Arsenal.
Au Nigeria, un système qui refroidit les investisseurs
Pour Harrison Jalla, membre du conseil de surveillance de l’association des footballeurs nigérians, le manque d'intérêt de Dangote pour le football local peut être vu comme une forme de dédain.
"Dangote, par exemple, est une marque nigériane, une marque mondiale. Pourquoi ne pas investir de l'argent au Nigeria ? Si d'autres investisseurs, locaux et étrangers, voient que Dangote investit, cela les attirera vers le football nigérian. Cela contribuera grandement à stimuler l'investissement", analyse Jalla.
Mais la complexité du football nigérian joue cependant un rôle dans le manque d’investissement au niveau local. En effet, une grande partie des clubs sont propriétés de l'État ou liés à tel ou tel parti politique. Un système qui ne séduit guère les milliardaires comme Dangote.