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Risquer sa vie pour quitter l'Afrique

Marie-Ange Pioerron28 février 2014

Les journaux n'en parlaient plus depuis longtemps. Le sujet revient dans leurs colonnes. C'est l'assaut donné par des réfugiés subsahariens contre les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla dans le nord du Maroc.

Des migrants tentent de franchir les grillages de Melilla, février 2014
Des migrants tentent de franchir les grillages de Melilla, février 2014Image : picture-alliance/AP

Comme le note la Frankfurter Allgmeine Zeitung, quelque 500 subsahariens ont tenté en début de semaine de franchir la triple frontière grillagée de six mètres de haut entre le Maroc et Melilla - l'assaut le plus violent depuis longtemps écrit le journal, il y a eu 57 blessés, pour la plupart des gardes-frontières espagnols et marocains. Une centaine de migrants a réussi à passer. Exemple un jeune instituteur malien, Dieudonné, cité dans l'article. Il a atterri dans le centre d'accueil temporaire, aménagé pour 460 personnes. Ils sont entre temps près du triple, poursuit le journal, qui rappelle un peu plus loin que Ceuta et Melilla appartiennent depuis le 15ème siècle à l'Espagne. Ces curiosités historiques abritent chacune 80 000 habitants, hautement subventionnés par l'Espagne et l'Union européenne. Le roi du Maroc, Mohamed VI, revendique les deux enclaves comme l'avait fait son père Hassan II avant lui. Dans la pratique, souligne le journal, il ne fait pas grand chose pour donner du poids à cette revendication. Par leurs liens économiques avec l'Europe et leur potentiel de contrebande pour les marchandises de toute sorte, les deux villes sont trop rentables. Sans compter qu'elles jouent un rôle de soupape lorsque la situation au Maroc est un peu tendue.

La frontière à Melilla en 2005Image : Getty Images

die tageszeitung donne un coup de projecteur sur les grillages qui entourent Ceuta et Melilla. Le premier date de 1993. Depuis, la frontière n'a cessé d'être rehaussée et renforcée à l'aide de lames de métal extrêmement coupantes. Et le journal signale qu'une firme allemande, sise à Berlin, a participé avec son materiel à l'érection de cette frontière. Une frontière qui tue et blesse beaucoup de migrants. Au bout du compte, écrit la taz, ce sera peut-être la guardia civil qui empêchera d'autres morts. Selon le syndicat de la police et des gardes-frontières, la vue d'hommes agonisant sur les grillages soumet les fonctionnaires à un stress inutile.

Le président Museveni signe la loi homophobeImage : Reuters

Ne pas légitimer la bêtise en Ouganda

Une loi qui durcit les peines, déjà sévères, contre les homosexuels en Ouganda, c'est un événement qui ne manque pas d'être relayé par la presse allemande. Après bien des tergiversations, note la Süddeutsche Zeitung, le présidént Yoweri Museweni a signé la loi. Des donateurs occidentaux menacent de geler leur aide financière à l'Ouganda. Mais l'aide au développement n'est pas un bon moyen de pression pour imposer des normes morales. Dans le cas présent les coupes annoncées à titre punitif devraient même être contre-productives, estime le journal. Beaucoup d'Africains en ont assez de leurs élites, et des leçons de l'occident. Pour die tageszeitung, la nouvelle loi ougandaise est un danger pour beaucoup d'Ougandais, non seulement à cause de son contenu mais aussi en raison de l'absence d'Etat de droit. Elle est une porte ouverte à la délation dans une société au sein de laquelle nombreux sont ceux qui doivent recourir à tous les moyens pour survivre. Les défenseurs des droits de l'homme vont appeler aux sanctions, mais estime le journal, de tels appels ont plutôt tendance à légitimer un président qui érige la bêtise en acte de résistance à un diktat de l'extérieur. Espérons seulement que la loi n'aura pas plus de suite en Ouganda que les lois contre la corruption.

Réfugiés musulmans à l'aéroport de Bangui, janvier 2014Image : Reuters

Sur l'autre rive de l'Oubangui

La fuite vers nulle part - ce titre relevé dans die tageszeitung surmonte un article sur les Centrafricains qui ont fui vers la petite localité de Zongo, dans le nord de la République démocratique du Congo. Kinshasa est à quatre jours de voyage. Bangui à cinq minutes de bateau, sur l'autre rive de l'Oubangui. La situation en Centrafrique s'est un peu apaisée, lit-on dans l'article, mais presque tous les musulmans ont fui la capitale. La faim se propage, à Bangui et à Zongo. Le journal a rencontré notamment un commerçant ,Omar Kamana, dans sa petite cabane en bois. Habituellement les étagères autour de lui sont remplies de marchandises: biscuits, sucre, cigarettes, thé, savon, allumettes. A présent elles sont pratiquement vides. Omar, un musulman congolais, allait auparavant s'approvisionner deux fois par semaine à Bangui, chez un ami commerçant, musulman lui aussi. Mais ce dernier a été chassé de Bangui. Les prix à Zongo explosent, poursuit le journal, les derniers litres d'essence sont proposés à quatre dollars, une poule coûte trois fois plus. L'hebdomadaire Der Spiegel a interrogé la présidente de transition, Catherine Samba-Panza. Laquelle souligne, entre autres, qu'il y a encore de l'espoir pour la Centrafrique et insiste sur le rôle de la justice. Nous devons, dit-elle, exclure toute forme d'impunité. Nous devons condamner les criminels. C'est seulement ainsi que les Centrafricains peuvent se réconcilier.

Martin Kobler dans une école à Dungu, Nord-KivuImage : Dirke Köpp

Appel à un coup de pouce allemand en RDC

La République démocratique du Congo pourrait servir de test au nouvel engagement de l'Allemagne en Afrique. C'est du moins l'espoir formulé par le représentant spécial des Nations unies en RDC, l'Allemand Martin Kobler. A Berlin, le Tagesspiegel a suivi l'intervention du patron de la MONUSCO à une soirée débat organisée par la Société allemande pour les Nations unies. Martin Kobler s'y est exprimé en faveur d'un engagement nettement plus fort de l'Allemagne au Congo. Certes, note le journal, selon le barême de l'ONU, l'Allemagne finance 7,14% des coûts de la mission de l'ONU, avec ses 20 000 casques bleus. Mais elle fournit zéro pourcent du personnel militaire et seulement 0,7% du personnel civil de la Monusco. Martin Kobler, poursuit le journal, souhaite surtout un renforcement de l'appui allemand à la stabilisation des zones qui ont été libérées des milices armées.