Les Congolais heureux de la reconnaissance de "leur" rumba
16 décembre 2021
A Brazzaville, la population se félicite du classement de la rumba sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'humanité.
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Sur les terrasses qui bordent les grandes avenues de Bacongo et de Moungali, à Brazzaville, on peut toujours écouter de la rumba.
Autour d'une bière, les Brazzavillois se remémorent de beaux moments. Edo Mbongo, un grand mélomane de l'avenue Matsoua : "En dehors de la musique, il y a le texte qui vous flatte. On ne peut pas laisser la rumba, sinon c'est le chaos. Après les Papa Wemba, il y a beaucoup de successeurs, les Fally Ipupa, Roga Roga et autres", assure-t-il.
Une musique universelle
10 patrimoines immatériels africains à connnaître
Le Ceebu jën sénégalais ou la rumba congolaise sont entrés au patrimoine immatériel de l’humanité cette année. Découvrez une sélection de dix pratiques et expressions culturelles africaines inscrites aussi à l'Unesco.
Image : Annabelle Steffes-Halmer/DW
La rumba congolaise
Le dossier avait été présenté par la RDC et la République du Congo. La rumba congolaise rejoint ainsi la rumba cubaine, inscrite en 2016. "Ce joyau culturel propre aux deux Congo est reconnu pour sa valeur universelle", s'est félicité le président de République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, en accueillant cette inscription "avec joie et fierté".
Image : REMY DE LA MAUVINIERE/AP Photo/picture alliance
La "tbourida", l'art équestre marocain
Très populaire dans les campagnes, cette spectaculaire charge de cavalerie qui se termine par un tir synchronisé de mousquets est associée aux festivités du royaume, y compris lors de grands mariages. Le Maroc avait officiellement déposé en 2019 le dossier de candidature pour inscrire la "tbourida", sur la liste du patrimoine immatériel de l'humanité.
Image : Chadi/Xinhua/imago
Le Ceebu jën du Sénégal
Le dossier de demande d'inscription du thiébou dieune a été introduit en octobre 2020 par le ministère sénégalais de la Culture. Le thiébou dieune (Ceebu jën, selon l'orthographe wolof) est un plat traditionnel composé de riz, de poisson et d'une variété de légumes. Préparé avec ou sans la tomate, il est servi comme plat de déjeuner dans la plupart des ménages et dans les restaurants du pays.
Image : Carmen Abd Ali/AFP/Getty Images
Le couscous d’Afrique du Nord
L’inscription du couscous au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco s’est faite en 2020. Elle a été le fruit d’une candidature conjointe de l’Algérie, la Mauritanie, le Maroc et la Tunisie. Le couscous est un mets qui a une dimension sociale et culturelle liée à la convivialité, au partage et au vivre-ensemble.
Image : Jiri Hera/PantherMedia
Le patrimoine oral Gèlèdé
Le Gèlèdé est pratiqué par la communauté Yoruba-nago établie au Bénin, au Nigeria et au Togo. Depuis plus d’un siècle, cette cérémonie a pour but de rendre hommage à la mère primordiale, Iyà Nlà, et au rôle que jouent les femmes dans l’organisation sociale et le développement de la société Yoruba. Il a été reconnu comme patrimoine de l’Unesco en 2008.
Image : United Archives International/imago images
L’Epiphanie éthiopienne
L'Epiphanie éthiopienne, appelée timkat, fait partie depuis 2019 du patrimoine immatériel mondial de l’Unesco. Cette tradition commémore le baptême de Jésus-Christ dans le Jourdain par Jean le Baptiste. Les célébrations débutent chaque année le 18 janvier, veille de la fête principale. Des centaines de milliers de personnes participent à la fête du lendemain, le 19 janvier.
Image : Eric Lafforgue/imago images
La morna au Cap Vert
La même année, le Cap Vert a vu sa pratique musicale, morna, accéder elle aussi au rang de patrimoine immatériel de l’humanité. Intégrant musique, chants, poésie et danse, la chanteuse capverdienne Césaria Evoria a contribué à sa popularité, notamment avec sa chanson Sodade, (nostalgie en français).
Image : Wojciech Pacewicz/dpa/picture alliance
La sortie des masques et marionnettes de Markala au Mali
Inscrite en 2014, cette fête rituelle pratiquée dans les communautés bambaras, bozos, markas et somonos de Markala. Elle se caractérise par des danses avec des masques, des tam-tams et des chansons interprétées par des danseurs et des marionnettistes. Chacun des masques et marionnettes symbolise le lien sacré entre l’homme et la nature. (photo d'illustration)
Image : Kunst- und Ausstellungshalle der Bundesrepublik Deutschland
Le tambour royal burundais
Toute la population du Burundi la reconnaît comme un élément fondamental de son patrimoine et de son identité. La danse rituelle au tambour royal a été inscrite sur la liste du patrimoine immatériel de l’Unesco en 2014. Il s’agit d’un spectacle qui associe le son du battement des tambours, puissant et synchronisé, à des danses, de la poésie héroïque et des chants traditionnels.
Image : Alfonso Della Corte/robertharding/imago images
Les chants polyphoniques des pygmées Aka
Selon l’Unesco qui les a inscrits sur la liste représentative du patrimoine immatériel de l’humanité en 2008, "contrairement aux polyphonies savantes fondées sur la notation écrite, la tradition vocale des pygmées Aka permet l’expression spontanée et l’improvisation." Les pygmées Aka sont établis dans le sud-ouest de la République centrafricaine.
Image : Cavan Images/imago images
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La jeunesse ne se lasse pas d'esquisser quelques pas de rumba, ici, sur l'Avenue de la paix. C'est la musique de toutes les générations, disent les jeunes.
"Ici, il y a un peu de tout. Mais, les gens sont basés sur la rumba. Avant que je ne sois né, nos parents écoutaient déjà la rumba, donc elle ne peut jamais disparaître. Nous les jeunes, nous sommes dans un monde typique comme le Ndombolo (danse dérivée de la rumba NDLR), on écoute tout. Mais les grandes personnes préfèrent la rumba."
Le jeune DJ Seven Karachika, derrière sa régie, joue de la rumba. Il explique sa préférence : "Sans la rumba, nous ne sommes pas amoureux. Ici, la rumba ne manque jamais, on commence d'abord par chez nous-mêmes avec Bokoko de Roga Roga".
La rumba est aussi politique
'On ne peut pas laisser la rumba, sinon c’est le chaos' (Edo Mbongo)
Reconnue désormais comme patrimoine immatériel international, la rumba congolaise est une expression de la vie sociale et des luttes politiques. L'universitaire Inès Féviliyé fixe quelques repères.
"Alors quand vous entendez une chanson "Indépendance Cha-cha to zuwi ye" ça veut dire que la rumba a été même politique, elle a accompagné la politique de nos pays. Elle a accompagné l'indépendance. Donc ce n'est pas que festif."
Brazzaville et Kinshasa sont le berceau de la rumba moderne congolaise qui a encore de beaux jours devant elle.