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Manifestations contre la mobilisation en Russie

Sandrine Blanchard | Avec agences
22 septembre 2022

L'annonce par Vladimir Poutine de la mobilisation de 300.000 réservistes a poussé des miliers de Russes dans la rue. Les manifestations ont été réprimées par la police anti-émeute.

Un manifestante en train d'être arrêtée par des policiers casqués à Moscou, le 21 septembre 2022
Les manifestants scandaient "Non à la guerre". Ils ont été arrêtés par milliers par la police dans les villes de RussieImage : Alexander Nemenov/AFP

Le chef de la diplomatie russe doit répondre ce jeudi [22.09.22], aux Nations unies, aux multiples critiques venues des autres Etats membres de l'Onu suite aux déclarations de Vladimir Poutine.

Le président russe a en effet annoncé hier lamobilisation de civils réservistes pour les envoyer faire la guerre en Ukraine.

A l'intérieur de la Russie aussi, cette annonce a été mal accueillie. Des manifestations ont rassemblé des milliers de personnes à travers le pays dès hier soir [21.09.22].

Des milliers de manifestants russes se sont réunis pour refuser la mobilisation de réservistes pour partir faire la guerre en UkraineImage : Vyacheslav Prokofyev/TASS/dpa/picture alliance

38 villes, des milliers d'arrestations

Ces manifestations spontanées ont eu lieu, hier, dans 38 villes à travers la Russie. Les plus importantes depuis le début de l'invasion de l'Ukraine ont été réprimées avec force par la police anti-émeute, à Saint-Pétersbourg et Moscou. 

Au moins 1.332 arrestations ont pu être confirmées parmi les manifestants qui chantaient "Non à la guerre” ou scandaient "Je ne mourrai pas pour Poutine”. L'association de défense des droits humains OVD Info parle, elle, de 16.000 interpellations. 

Tant de morts en vue

Le mouvement d'opposition Vesna et l'opposant Alexei Navalny, actuellement en prison, avaient appelé les citoyens russes à se mobiliser à partir de 19 heures pour protester contre la mobilisation de 300.000 réservistes qui pourront être envoyés faire la guerre en Ukraine.  

Jusqu'à présent, une rotation d'environ 200.000 soldats avait été mise en place par le Kremlin, composée de vrais professionnels et d'appelés, moins bien formés et peu équipés, parfois contraints de signer des contrats d'engagement.

Même en prison, Alexei Navalny anime ses concitoyens à protester contre Vladimir PoutineImage : Sergei Karpukhin/TASS/dpa/picture alliance

Hier, Alexei Navalny a profité d'une audition au tribunal pour critiquer la politique de Vladimir Poutine. 

"Il est maintenant clair que cette guerre d'agression criminelle s'aggrave et que Poutine essaie d'entraîner autant de personnes que possible dans tout cela", a-t-il déclaré. "Il veut les salir dans ce sang - des centaines de milliers de personnes - et, bien sûr, cela conduira à d'énormes tragédies, à un grand nombre de morts, et cela ne peut certainement pas conduire à quoi que ce soit de bon." 

Des citoyens russes quittent le pays

Signe de l'inquiétude de citoyens russes : les sites des compagnies aériennes ont été pris d'assaut après l'allocution de Vladimir Poutine.  

Des files de candidats au départ ont été signalées à certaines frontières.  

Alex, passager russe interrogé à son arrivée à l'aéroport d'Istanbul, témoigne auprès de l'agence Reuters : "La mobilisation partielle est l'une des raisons qui expliquent ma présence ici. C'est vraiment dommage et je pense que ça peut apporter beaucoup de problèmes à beaucoup de citoyens russes."

Un autre passager russe, Serguei, répond à Reuters à son arrivée en Serbie. Il reconnaît son inquiétude : "Toute personne normalement constituée est inquiète, je pense. La guerre, c'est quelque chose d'horrible. C'est compréhensible d'avoir peur de la guerre, de la mort et ce genre de choses..." 

Le président russe a tenu hier une adresse à la nation qui continue de faire des vaguesImage : AdrienFillon/ZUMA Wire/IMAGO

L'exagération ?

En revanche, cet autre passager, Vassili, espère passer à travers les mailles du filet de la mobilisation : 

"La mobilisation était inévitable parce qu'on manque de ressources humaines", estime-t-il, avant d'ajouter : "Je ne me fais pas de souci pour moi parce que j'ai déjà 59 ans et que mon fils vit à l'étranger.” 

Selon le quotidien britannique The Guardian, ils seraient déjà plus de 2% de la population à avoir fui depuis le début de la guerre en Ukraine, en février. 

Mais le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, affirme que l'ampleur de cet exode est "très exagéré" par les médias occidentaux.