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Des incidents signalés à la frontière russo-ukrainienne

21 février 2022

La Russie cherche-t-elle le casus belli qui légitimerait une attaque de l'Ukraine?

Un soldat ukrainien à Donetsk durant des exercices
Un soldat ukrainien à Donetsk durant des exercicesImage : picture alliance/Vadim Ghirda/AP Photo

Les incidents semblent se multiplier aujourd'hui à la frontière entre l'Ukraine et la Russie, faisant redouter un prétexte qui pourrait provoquer l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

Moscou aurait massé près de 190.000 soldats dans la région, selon les autorités américaines.

Le chef du parti social-démocrate allemand, le SPD du chancelier Olaf Scholz, Lars Klingbeil, a admis que la Russie se prépare militairement et il estime qu'une guerre est "possible" dans les "prochains jours ou les prochaines heures".

>>> Lire aussi : À Munich, Zelensky met en garde contre une guerre mondiale

Alors qu'une rencontre, dans les prochains jours, entre Joe Biden et Vladimir Poutine semblait actée ce matin encore [21.02.22], le Kremlin estime désormais qu'elle serait ”prématurée”.

A Rostov, dans un camp d'accueil d'urgence pour les Russophones ayant fui le DonbassImage : Sergey Pivovarov/Sputnik/SNA/imago images

Eliminations, arrestations près de la mer d'Azov

L'armée russe annonce qu'elle a "éliminé", sur son territoire, cinq personnes présentées comme des "saboteurs” venus d'Ukraine. Selon les autorités, deux véhicules militaires ukrainiens auraient aussi franchi la frontière.

Ce matin, les autorités russes accusaient l'Ukraine d'avoir tiré un obus sur un poste-frontière dans la région de Rostov, tout près de la mer d'Azov - une "provocation" de plus aux yeux de Moscou. 

Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, affirme que "la situation est tendue" tandis que l'Ukraine dément les accusations russes qu'elle qualifie de "désinformation”. 

C'était "d'accord", c'est désormais "pas encore", la rencontre Biden/Poutine sur l'UkraineImage : AFP

Rencontre Biden/Poutine "prématurée" selon Moscou

Dmitry Peskov, porte-parole de Vladimir Poutine, estime en tout cas que le temps d'un sommet entre le président russe et son homologue américain n'est pas encore venu :

"Une rencontre (entre Vladimir Poutine et Joe Biden) est possible si elle est jugée bénéfique par les chefs d'Etat. Pour l'instant, il est évidemment nécessaire de poursuivre le dialogue au niveau ministériel."

Pour la présidence française, qui tente d'organiser ce sommet, "la situation reste "très dangereuse" et les parties sur un "chemin de crête". Emmanuel Macron appelle Vladimir Poutine à "faire un choix".

Le Kremlin ambigu

Moscou souffle en effet le chaud et le froid. D'un côté, le Kremlin affirme avoir fait des "progrès" dans les discussions avec les Occidentaux, de l'autre, Vladimir Poutine estime qu'il n'y a "aucune perspective" au processus de paix en Ukraine.

Des séparatistes pro-russes, qui ont autoproclamé une République du peuple de DoneskImage : Alexander Ermochenko/REUTERS

Le chef du Kremlin indique par ailleurs étudier la demande des séparatistes pro-russes de l'est de l'Ukraine qui lui réclament de reconnaître leur indépendance et de sceller des accords de défense avec eux. Le président devrait s'adresser à la population ce soir, dans une allocution télévisée.

>>> Lire aussi : Eviter une guerre en Ukraine

L'ancien président russe Dmitri Medvedev a ainsi déclaré aujourd'hui qu'il est "évident" que l'Ukraine n'a pas besoin de ses régions russophones sécessionistes.

Liste noire et sanctions

La Maison blanche accuse maintenant la Russie d'avoir une liste d'Ukrainiens "à éliminer" en cas d'invasion et de chercher à "écraser" le peuple ukrainien.

Dans l'après-midi, le chancelier allemand Olaf Scholz a appelé au téléphone Vladimir Poutine pour l'enjoindre à la désescalade et au respect, surtout dans l'est de l'Ukraine, des accords de paix. Au sortir de cet entretien, le chancelier allemand a estimé que la reconnaissance de l'indépendance des régions séparatistes en Ukraine par la Russie constituerait "une rupture unilatérale" des accords de Minsk de 2015. Olaf Scholz s'entretient en urgence également avec le président français Emmanuel Macron, le président ukrainien Volodymyr Zelensky et "les partenaires les plus étroits" de l'Allemagne.

>>> Lire aussi : Frontière russo-ukrainienne : Olaf Scholz à Moscou pour désamorcer les tensions

Les ministres européens des Affaires étrangères se sont réunis à Bruxelles. Ils se disent prêts à imposer des sanctions "dévastatrices" à la Russie, pour l'isoler des marchés financiers. L'UE va par ailleurs accorder 1,2 milliard d'euros d'aide à l'Ukraine.

Annalena Baerbock lors d'une visite dans l'est de l'UkraineImage : Bernd von Jutrczenka/dpa/picture alliance

La cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock, a condamné l'attitude de Vladimir Poutine et enjoint les deux parties à revenir au plus vite à la table des négociations, pour épargner les civils. 

"Je lance un appel pressant au gouvernement russe, au président russe, a déclaré la ministre allemande : ne jouez pas avec la vie humaine ! Ce à quoi nous avons assisté ces dernières 72 heures, en termes d'attentats et d'affrontements violents sur le terrain, est vraiment inquiétant. Le cessez-le-feu est régulièrement rompu."

 L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a tenu ce lundi une réunion extraordinaire de ses représentants permanents, elle appelle au "dialogue".

Quant à l'Ukraine, elle réclame une réunion en urgence du Conseil de sécurité de l'Onu.

Les Occidentaux craignent qu'un incident, réel ou inventé, ne mène à une guerre ouverte entre les deux pays. Ils soupçonnent le Kremlin de chercher le casus belli qui lui permettrait de déclencher une attaque de l'Ukraine.