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Paul Kagame ne veut plus de réfugiés en provenance de la RDC

10 janvier 2023

Le président rwandais Paul Kagamé a déclaré que son pays ne pourra plus continuer à accueillir des réfugiés en provenance de la République démocratique du Congo.

Paul Kagame, président du Rwanda
Le président Paul Kagame est accusé par des experts de l'ONU de soutenir la rebellion du M23 dans l'est de la RDC.Image : Jean Bizimana/REUTERS

Ce sont des propos qui viennent encore troubler les relations déjà difficiles entre le Rwanda et la communauté internationale. Alors que celle-ci demande à Kigali de cesser tout soutien aux rebelles du M23, le président Paul Kagame, accusé par des experts de l'Onu de soutenir la rébellion armée qui terrorise les populations dans l’est de la RDC, est sorti de son silence en déclarant que son pays ne peut plus accueillir de réfugiés congolais.

"Je refuse que le Rwanda supporte ce fardeau", a ajouté le président rwandais. Pour le député congolais Jacques Djoli, Kigali ferait mieux de s'abstenir de ses actions de déstabilisation de la RDC.

"Dans tous les cas, la Convention de 1951 relative à la protection des réfugiés ne lui permet pas. Mais ce que nous demandons à monsieur Kagame, c'est de cesser d'être l'agent de déstabilisation de la région. C'est ce qui est important pour nous" , a confié à la DW  M. Djoli.

Des milliers de déplacés 

Selon l'Onu, les violences en cours dans l'est de la RDC ont poussé de nombreux Congolais à migrer dans les pays voisins. Environ 72.000 réfugiés congolais auraient ainsi fui vers le Rwanda. 

Pour Jean Claude, journaliste et spécialiste du Rwanda, il est humainement impossible pour Kigali de ne pas accueillir les personnes qui fuient les combats.

Des milliers de congolais tentent de fuir les zones de combats entre le M23 et les FARDCImage : AFP via Getty Images

"Tout pays - même l'Europe l'a fait - peut empêcher que des gens entrent sur son territoire. Maintenant, Kagame, en tant que président du Rwanda, un pays qui a un passé qu'on connait et dont les réfugiés qui viennent du Congo ont des liens familiaux au Rwanda, peut bien le dire mais humainement parlant, il ne peut pas empêcher les réfugiés de traverser la frontière. Il ne pourra jamais empêcher les rwandophones de quitter la RDC vers le Rwanda. Et donc on ne peut pas empêcher des misérables de rentrer chez soi alors qu'ils n'ont pas d'autre protection.", estime Jean Claude.

Le Rwanda doit se souvenir....

Hervé Diakese, défenseur des droits de l'Homme en RDC, estime aussi que Paul Kagame ne doit pas oublier que des Rwandais avaient fui leur pays pour se réfugier chez leurs voisins.

"Il fut un temps, c'est le Rwanda qui était pourvoyeur du plus grand nombre de réfugiés dans la sous-région. Ils ont bien bénéficié d'un accueil. La RDC a été l'un de ces pays et cela lui a même posé les problèmes qu'elle vit aujourd'hui. C'est donc au Rwanda de se regarder face à ses obligations internationales et face à son histoire. C’est d'autant plus surprennent que le Rwanda est prêt à accueillir des personnes expulsées du Royaume-Uni sur son territoire", pense Hervé Diakese.

Contactée par téléphone par la DW, la représentante du HCR au Rwanda a déclaré que l'organisation humanitaire, pour l'instant, n'avait aucun commentaire à faire suite aux propos de Paul Kagame.

Celui-ci a accusé la RDC, où la présidentielle est prévue en décembre prochain, d'instrumentaliser le conflit à des fins électorales et d'avoir "fabriqué" un massacre qui, selon une enquête des Nations unies, a été commis fin novembre par le M23 et a coûté la vie à au moins 131 civils dans les villages de Kishishe et Bambo.