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Paul Rusesabagina, l'homme qui voulait défier Paul Kagame

Georges Ibrahim Tounkara | Avec agences
29 mars 2023

Paul Rusesabagina avait été condamné à 25 ans de prison en septembre 2021. Désormais libre, il n'entend plus faire de la politique.

Ruanda | Paul Rusesabagina | Prozess in Kigali
Image : Clement Uwiringiyimana/REUTERS

Paul Rusesabagina avait été condamné à 25 ans de prison en septembre 2021 pour avoir, selon l’accusation, soutenu un groupe terroriste ayant perpétré des attaques sur le sol rwandais.

Au cours de son procès, l'opposant avait reconnu être membre des Forces de libération nationale, un groupe responsable d’attaques qui avaient fait neuf morts en 2018 et 2019 dans le sud-ouest du Rwanda, mais il avait nié toute implication dans ces violences.

En outre, dans une vidéo diffusée fin 2018, sur les réseaux sociaux, Paul Rusesabagina avait déclaré qu’il ne renonçait pas à la lutte armée contre le pouvoir de Paul Kagame. La lutte armée pour, disait-il, libérer le peuple rwandais de l'oppression. 

Le président rwandais Paul KagameImage : Giscard Kusema

Une célébrité au service de la politique

Opposant depuis plus de 20 ans à Paul Kagame, Paul Rusesabagina a utilisé sa célébrité pour donner un écho à son combat politique. 

L’homme a en effet inspiré le film "Hôtel Rwanda", sorti en 2004, qui raconte comment lui, Hutu modéré, qui dirigeait alors l'Hôtel des Mille Collines à Kigali, a sauvé plus de 1.000 personnes durant le génocide des Tutsis en 1994.

Paul Rusesabagina vivait depuis 1996 en exil aux Etats-Unis et en Belgique, avant d'être arrêté à Kigali en 2020 dans des circonstances troubles, à la descente d'un avion qu’il avait pris à Dubaï à destination du Burundi. Mais le vol l’a finalement conduit à Kigali.

Une scène du film "Hôtel Rwanda", sorti en 2004Image : Tobis Film/picture-alliance

Le renoncement à la politique

Arrêté puis jugé, Paul Rusesabagina sera donc condamné à 25 ans de prison pour terrorisme. 

Dans une lettre  écrite en octobre dernier de sa cellule, il demandait au président Kagame de le gracier pour lui permettre de rejoindre sa famille, qui réside aux Etats-Unis, évoquant aussi des raisons de santé.

Sa libération serait le fruit de pressions diplomatiques. En visite à Kigali en août dernier, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, s’était inquiété du sort de l’opposant rwandais. Washington avait d’ailleurs estimé qu'il était "injustement détenu". 

Le président Joe Biden a remercié le gouvernement rwandais et le Qatar pour cette libération. Le Qatar qui aurait joué le rôle de facilitateur en vue de ce dénouement. Et c’est au Qatar que Paul Rusesabagina a été transféré. De là, il devrait embarquer pour les Etats-Unis.
 

Georges Ibrahim Tounkara Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle