Sénégal : "cette décision va continuer à créer le flou"
16 février 2024Le Conseil constitutionnel a déclaré jeudi (15.02), contraire à la Constitution, la loi adoptée le 5 février par l'Assemblée nationale, repoussant la présidentielle du 25 février au 15 décembre 2024.
Des acteurs politiques et des membres de la société civile sénégalaise félicitent le Conseil constitutionnel pour avoir dit le droit dans un contexte politique délicat.
"Maintenant que le Conseil constitutionnel a rétabli le droit, nous ne pouvons que nous en réjouir", confie Youssoupha Diaw, militant du Pastef dissout.
"Quelle que soit la date qui sera retenue pour la présidentielle, nous sommes prêts. La meilleure arme est notre carte d’électeur que nous détenons tous", ajoute le militant de la coalition Bassirou Diomaye Faye 2024.
A quand alors le scrutin ?
Certes, le Conseil constitutionnel a dit le droit, mais il n'a fixé aucune date pour la tenue de l'élection présidentielle, prévient Mamadou Ndoye, membre de la coalition au pouvoir. "Cette décision va continuer à créer le flou dans la tête des Sénégalais parce qu'on va dire que la décision appartiendra toujours à l'administration, notamment au président de la République, de choisir une nouvelle date."
Mamadou Ndoye explique que la date de la présidentielle peut être "au mois de mars, au mois de juin ou au mois de décembre. Donc, on ne sait toujours pas quand est-ce que ces élections vont se tenir. Ça reste un problème pour les Sénégalais."
Pour l'ancienne Première ministre, Aminata Touré, qui a rejoint les rangs de l'opposition, "c'est une décision qui remet le Sénégal dans sa trajectoire normale. Je ne suis pas surprise parce que c'était trop gros tout ce qu'il se passait", a-t-elle déclaré à l'AFP.
Des opposants politiques libérés
Quelques heures avant la décision du Conseil constitutionnel, plusieurs opposants, arrêtés en lien avec les troubles politiques des dernières années, ont bénéficié d'une liberté provisoire. La libération de Bassirou Diomaye Faye, le second d'Ousmane Sonko à la tête du parti Pastef qui a été dissout et l'un des favoris du scrutin présidentiel, toujours en détention, ne fait plus de doute selon Alimou Barro, membre fondateur du Pastef. Il reste toutefois sur sa soif.
"C'est un peu insignifiant par rapport au nombre de détenus. On dit que ce sont 2000 détenus politiques, alors que ceux qu'ils ont libérés aujourd'hui ne font pas plus de 15 personnes", regrette Alimou Barro.
Un geste d'apaisement
Cette liberté provisoire accordée à certains opposants et l'invalidation par le Conseil constitutionnel du report de la présidentielle sont à mettre à l'actif de plusieurs initiatives de médiation, reconnait la journaliste, activiste féministe, Nina Penda Faye. Elle est membre du comité ad hoc de facilitation, une organisation de la société civile sénégalaise.
"C'est le travail de plusieurs personnalités et de plusieurs membres de la société civile de différentes entités qui n'avaient qu'un seul objectif celui d'avoir des élections apaisées, libres et transparentes, de voir un Sénégal de paix et de voir également un pays qui retrouve toute la crédibilité que nous avions eue depuis fort longtemps. Et de dire que le Sénégal est un pays de démocratie" affirme Nina Penda Faye.
Avec ces nouveaux développements de l'actualité politique, beaucoup s'interrogent sur l'opportunité ou non de la marche silencieuse et pacifique contre le report de la présidentielle prévue par un collectif de la société civile le samedi 17 février prochain.