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"Présence africaine", bien plus qu'une revue

Nadir Djennad
30 décembre 2021

Lancée en 1947 par Alioune Diop, la revue "Présence Africaine" est aussi une maison d'édition et une librairie à Paris. Une véritable institution.

Symbolbild Literatur in Afrika | Literaturcafe
Image : Pau Novell/Addictive Stock/imago images

L’objectif d'Alioune Diop était de fournir aux penseurs, écrivains et chercheurs d'Afrique et de la diaspora, un espace de création. 

Pour l’historien Amzat Boukari Yabara, historien spécialiste du continent africain et du Panafricanisme, Présence Africaine va renouveler la scène littéraire noire de l’après-seconde guerre mondiale : 

"La particularité de Présence Africaine, c’est qu’elle va vite devenir un réseau et elle va organiser un certain nombre d’activités et d’évènements dont les fameux congrès de la Sorbonne en 1956 et de Rome en 1959 et aussi le festival mondial des arts nègres de Dakar en 1966. Donc aujourd’hui Présence Africaine est un peu, je dirais la grande institution culturelle du monde noir francophone".

Une contribution centrale à la diffusion des idées panafricaines

La naissance de Présence Africaine s'inscrit dans la mouvance du panafricanisme dont les idées s'expriment depuis le début du XXe siècle. 

"On trouve les ouvrages les plus importants de Kwamé Nkrumah, traduits en français, donc l’Afrique doit s’unir, le néocolonialisme, dernier stade de l’impérialisme, l’autobiographie de Kwamé Nkrumah, et à travers la traduction de ces travaux on trouve aussi des écrits de Julius Nyerere, de Nnamdi Azikiwe", explique Amzat Boukari Yabara. "A travers la traduction de ses œuvres-là, Présence Africaine a apporté une contribution centrale à la diffusion des idées panafricaines et a surtout mis en avant l’idée d’indépendance culturelle".

Parmi les grands textes édités par Présence Africaine, on compte le Discours sur le colonialisme, ou le Cahier d'un retour au pays natal d'Aimé Césaire. On trouve aussi dans son catalogue Nations nègres et culture de l'égyptologue sénégalais Cheikh Anta Diop ou encore Soundjata ou l’épopée mandingue de Djibril Tamsir Niane. 

Un détecteur de talents

Présence Africaine a ainsi édité la majorité des œuvres qui sont considérées comme des classiques de la littérature africaine et de sa diaspora, explique Romuald Fonkoua, rédacteur en chef de la revue Présence Africaine :

"La plupart des écrivains connus aujourd’hui, africains noirs ont commencé leur carrière à Présence Africaine. Je songe par exemple à Alain Mabanckou, qui va devenir Prix Renaudot, je songe à Mbougar Sarr qui est devenu Prix Goncourt. Présence Africaine est une sorte de détecteur de talents", insiste Romuald Fonkoua, "donc on voit bien aujourd’hui que plusieurs jeunes écrivains envoient leurs manuscrits à Présence Africaine. Il faut compter à peu près 300* auteurs actuellement à Présence Africaine".

La renommée de Présence Africaine est très importante sur le continent africain même si actuellement selon Romuald Fonkoua, l’existence même des lieux de vente du livre pose un problème. D’après lui, la circulation du livre est problématique sur le continent africain depuis la fin des années 80. 
 

*Correction : dans la précédente version de cet article, il était affirmé par erreur que Presence africaine comptait "une trentaine d'auteurs", au lieu de quelque 300.

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