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La SADC manque de moyens en RDC

Martina Schwikowski
27 mai 2024

Les soldats de l'organisation sous-régionale sont moins nombreux que prévu au Nord-Kivu. Cela remet en question l'efficacité de l'opération.

Des porteurs militaires sud-africains portent un cercueil et passent devant des civils sur un tapis rouge
Funérailles d'un soldat sud-africain tué près de Goma en févrierImage : Marco Longari/AFP

Les troupes de la SADC, la Communauté de développement d'Afrique australe, pourront-elles venir à bout de la rébellion du M23 en République démocratique du Congo ? La question se pose avec toujours plus d'instance face à la persistance de la violence dans l'est du pays. Des soldats de la SADC ont d'ailleurs récemment payé de leur vie cet engagement : en avril, trois militaires tanzaniens ont été tués par un tir de mortier dans la province du Nord-Kivu.

Qui sont les soldats de la SADC ?

Depuis mi-décembre dernier, des troupes d'Afrique du Sud, de Tanzanie et du Malawi sont arrivées à Goma dans le cadre d'une opération décidée par la Communauté de développement d'Afrique australe. Mais cette force manque de moyens. Elle devait compter à l'origine jusqu'à 4.800 soldats. Mais jusqu'à présent, seuls 800 militaires sud-africains, ainsi que quelques Tanzaniens et Malawites, auraient été déployés selon des experts. Les troupes semblent assez impuissantes. Le M23 s'est emparé de larges pans de la province du Nord-Kivu.

"En fin de compte, le problème est que ces grandes missions très coûteuses ne sont pas soutenables par les pays contributeurs de troupes", estime Stephanie Wolters, chargée de recherche à l'Institut sud-africain des affaires internationales de Johannesburg. Le même problème se pose d'ailleurs en partie au Mozambique, où des militaires de la SADC aident les soldats locaux dans la lutte contre le terrorisme islamiste dans la province de Cabo Delgado, dans le nord du pays.

Beaucoup espèrent ainsi que des fonds supplémentaires arriveront prochainement pour soutenir la force sous-régionale au Nord-Kivu : de l'argent des Nations unies ou encore de l'Union européenne, par exemple.

Depuis plusieurs mois, les milices Wazalendo, anciennement opposées aux autorités, luttent contre les rebelles du M23 aux côtés des forces congolaises. Leur connaissance du terrain en fait de solides alliés, mais ce qui peut apparaître dans un premier temps comme une bonne nouvelle tactique représente, à plus long terme, un casse-tête pour les autorités congolaises qui devront, tôt ou tard, se poser la question de l'intégration de ces miliciens au sein de l'armée régulière.

Comprendre l’insécurité en RDC

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Craintes d'un conflit régional

En RDC, s'ajoutent les craintes d'un embrasement régional général. "Nous verrons quelle est l'efficacité de cette force, mais il y a un danger, à mon avis, que la SADC affronte directement le Rwanda", explique Alex Vines, responsable du programme Afrique au sein du groupe de réflexion britannique Chatham House. "L'Union africaine et les Etats-Unis n'ont pas mâché leurs mots en affirmant que le Rwanda soutient très activement le groupe rebelle M23." Des accusations que Kigali dément.

Reste que sur le terrain, les populations sont loin de ces débats. On assiste à l'une des plus grandes crises humanitaires au monde, avec environ sept millions de personnes déplacées, selon les estimations de l'Onu à la fin de 2023, dont 2,5 millions de personnes dans la seule province du Nord-Kivu.

 

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